Zonage à Aylmer – le seul projet traité
Des résidents mécontents ont dominé la consultation publique sur les condos du Château Cartier
Des voix se sont élevées, des bras se sont brandis en signe de désespoir et plusieurs questions sont demeurées sans réponse lors d’une consultation publique sur un changement de zonage, le 19 août à l’hôtel de ville de Gatineau.
De fait, trois changements de zonage était à l’agenda, un pour Gatineau, un pour Hull et un pour Aylmer. Toutefois, les deux représentants municipaux et le conseiller présents n’ont traité que du projet à Aylmer puisque c’était le seul qui intéressait les gens qui étaient présents.
Le changement de zonage à Aylmer, pour lequel une proposition de règlement avait été adoptée le 7 juillet 2015, a pour but d’accommoder un promoteur qui veut construire deux bâtiments de 96 unités de logement sur un lot vacant le long du chemin d’Aylmer. Les bâtiments proposés sont les cinquième et sixième phases du projet résidentiel Château Cartier de Les Placements Katasa Holdings Inc.
Les résidents présents, la plupart étant des résidents des deux premières phases Château Cartier, étaient bien préparés et avaient toute une liste de questions.
Pour commencer, un résident a demandé pourquoi la majorité des conseillers étaient absents, puisque ce sont eux qui auront à voter sur le changement de zonage. Seuls deux conseillers étaient présents, Richard Bégin, conseiller de Deschênes et président du comité consultaif d’urbanisme (CCU), et Jean Lessard, conseiller de Rivière Blanche, qui ne s’est présenté aux gens dans la salle qu’à la fin de la rencontre. M. Bégin a expliqué que la Ville suivait le protocole prévu pour un changement de zonage en tenant cette consultation publique. Ensuite, une employée de la Division de l’urbanisme d’Aylmer a expliqué le changement de zonage.
Après avoir analysé la demande du promoteur, déposée l’hiver dernier, le CCU a recommandé l’approbation de la demande de changement de zonage, soit d’agrandir la zone résidentielle H-14-027 en utilisant une partie de la zone récréative R-14-025 située juste au sud. Ce lot mesurant approximativement 11 300 mètres carrés fait partie à la fois d’un zonage récréatif et d’un zonage résidentiel et le projet chevauche les deux.
Le changement augmenterait la densité du site de 0,3 mètres à 0,65 mètres, réduirait la marge de recul arrière, passant de sept à un mètre, et éliminerait le nombre maximal d’unités de logement par bâtiment (chacun ayant un maximum de six étages).
De plus, deux articles sous les dispositions particulières pour la catégorie d’habitation unifamiliale sont retirés. L’un de ces articles est le 469, relatif à la prohibition d’aménagement d’un espace de stationnement en cour avant. Le lot en question est adjacent au club de golf Chaudière au sud et au chemin Aylmer au nord. Ce dernier point a créé une certaine confusion puisque les représentants municipaux étaient sous l’impression que le promoteur ne pourrait pas construire un stationnement le long du chemin d’Aylmer, désigné corrdior champêtre. Ce point ne fut pas le seul point nébuleux.
Les résidents de condos de la première phase ont demandé aux employés municipaux de quelle dimension seraient les bâtiments prévus et combien d’unités de logements ils comprendraient. La représentante de la Divison d’urbanisme fut incapable de répondre à la question, au grand mécontentement des résidents.
« Comment pouvons-nous discuter d’un projet quand on ne sait pas de quoi on parle? » a lancé un résident. L’employé a répondu que la consultation ne portait que sur le changement de zonage. « Oui, mais le changement de zonage est justement pour permettre la poursuite du projet », a répliqué un autre résident. Après quelques échanges entre résidents et employés municipaux, un individu s’est levé et a lancé un « cri du cœur ».
Il a d’abord dit que certains individus présents ne l’étaient pas dans l’intérêt des résidents. Exaspéré par sa propre expérience personnelle à Gatineau, l’individu a dit aux employés municipaux qu’ils avaient un choix à faire et que s’ils voulaient que Gatineau ressemble aux Émirats arabes unis avec des gratte-ciels et sans espaces verts, ils n’avaient qu’à continuer de faire ce qu’ils font mais que lui n’y prendrait pas part.
Ce résident avait acheté un condo il y a une douzaine de mois et s’était installé à Aylmer avec sa famille, arrivant de l’Ontario. Mais il retourne maintenant de l’autre côté de la rivière. « Mon épouse était pour apprendre le français, mes enfants devaient fréquenter une école francophone, nous aurions participé à la culture de la région, mais nous retournons en Ontario », a-t-il dit. Ils étaient venus parce qu’ils aiment la nature et les espaces verts mais à voir comment la ville est gérée et comment le développement se déroule, il dit qu’il préfère payer plus cher pour vivre dans un logement plus petit et moins luxueux en Ontario. À la fin de ses propos, il a quitté la salle d’une manière plutôt dramatique au son des applaudissements.
Un autre résident s’est mis à pointer la Ville du doigt. Il a dit que la sixième phase du Château Cartier n’était pas prévue à l’origine; il était en désaccord avec la hauteur des bâtiments et, selon lui, ce que Gatineau identifiait comme étant une mezzanine servait plutôt d’étage additionnel dans certaines tours à condos. Le résident a aussi dit que de retirer la marge de recul arrière pour ces édifices était insensé puisqu’ils arriveraient presque directement sur le terrain de golf. « Quelqu’un a pensé aux balles de golf? La Ville exigera-t-elle que le promoteur installe un grand filet? », a-t-il demandé.
Finalement, il se demandait qui gardait le promoteur à l’œil. « Au départ, on avait annoncé qu’il y aurait 320 unités mais voilà que c’est rendu 540 unités et une phase de plus! Où sont les inspecteurs? »
Le résident était troublé du fait que la Ville ne surveille pas la construction et qu’elle a permis des changements au projet au fil du temps. « Je n’aurais pas acheté un condo ‘luxueux’ si j’avais su que la Ville (par son manque de surveillance) nous aurait imposé une perte financière », a lancé un autre résident. « Il ne s’agit plus d’un projet champêtre tel qu’initialement présenté », a dit un autre Aylmerois.
La douzaine de résidents présents à la consultation publique disent qu’ils comptent se battre contre le changement de zonage et continuer de faire connaître leurs plaintes lors de la prochaine assemblée du conseil municipal. « La Ville doit respecter les résidents. Nos voix seront entendues! » a-t-il insisté.
(LRC, Trad.: CB)