---Un scénario de film écrit par une Aylmeroise arrive sur Netflix
En voyant un scénario qu'elle a écrit en 2016 adapté en un film cinématographique, qui est sorti le 12 mai dernier sur Netflix, la scénariste locale Christie LeBlanc n’arrive toujours pas à croire que son rêve d'enfance est enfin devenu réalité. « C'est incroyable! », s’exclame-t-elle, confirmant que le film sera présenté dans le monde entier et adapté en plus de 100 langues. « C'est complètement fou ». Ayant vécu à Aylmer pendant plus de 20 ans, Mme LeBlanc résidait sur la rue Victor-Beaudry lorsqu'elle a écrit le scénario, alors qu’elle gagnait sa vie comme réviseure pigiste. Elle est déménagée à Ottawa peu avant le début de la pandémie.
Intitulé Oxygène, le film est un thriller américano-français réalisé par Alexandre Aja et mettant en vedette les acteurs français Mélanie Laurent, Mathieu Amalric et Malik Zidi. Le film relate l'histoire cauchemardesque d'une jeune femme qui se réveille dans une unité cryogénique. Seule et amnésique, la situation se complique davantage lorsque l’oxygène vient à manquer. La jeune femme va devoir chercher dans sa mémoire pour s'en sortir. « Il s'agit essentiellement d'une histoire de survie », dit-elle, effectuant un vague rapprochement avec le film Buried, avec Ryan Reynolds, version science-fiction sur trame d’horreur. « Comment survivre lorsqu’il n'y a littéralement aucune issue? ». Le script de quelque 90 pages, très remarqué, a figuré sur la liste annuelle The Black List – qui recense les meilleurs scénarios en attente de production – en 2016, parmi 73 scénarios.
Le titre du film était censé être O2 (le symbole périodique de l'oxygène) jusqu'à il y a environ un mois, alors que Netflix l'a changé pour Oxygène, selon la préférence du public américain. « Ils ont fait des tests d'audience, et les gens aux États-Unis ne savaient pas ce que ce que représentait O2 », a expliqué Mme LeBlanc en riant. Voyant des années de travail acharné et de dévouement porter fruit, l’Aylmeroise a déclaré que le fait que son scénario ait été retenu a changé sa vie, lui permettant de transformer sa passion en l'œuvre de sa vie. « Ça a vraiment lancé ma carrière », a déclaré Mme LeBlanc, précisant qu'elle n’avait jamais eu de script retenu par qui que ce soit auparavant.
Mère de deux enfants, Mme LeBlanc a déclaré que sa famille était ravie de sa réussite, même si la pandémie les a empêchés de voir le film lors d'une extravagante première sur le tapis rouge. Le scénario a été achevé en quelques semaines – le plus rapide qu'elle ait jamais écrit – disant que l'histoire s'est construite naturellement et avec fluidité. « Ce scénario s'est écrit assez rapidement », a indiqué la scénariste, précisant qu'il lui faut généralement au moins trois mois pour rédiger la première ébauche d'un scénario, et plusieurs autres mois pour arriver à la version finale. « Le hic, c’est que le processus d’écriture vient après avoir passé huit mois à essayer de trouver un concept ».
Lorsqu’elle s’est lancée dans le projet, Mme LeBlanc voulait que l’intrigue tourne autour d’une personne piégée dans un espace confiné. Toutefois, elle n’arrivait pas à trouver l’élément accrocheur qui retiendrait vraiment l'attention du public jusqu’à ce qu’un jour, elle devienne très malade, au point de lutter pour respirer et de perdre temporairement le sens de l'ouïe. « C'était comme vivre dans un bocal à poissons », a relaté Mme LeBlanc. « Je ne pouvais pas vraiment interagir avec le monde extérieur. C'était terrifiant. Ce fut le plus grand stress que j'ai ressenti de ma vie. Il a fallu environ trois mois avant que mon ouïe ne revienne complètement ». C'est à ce moment-là qu'elle a compris que l'histoire tournerait autour d'un personnage se trouvant essentiellement dans le même état qu'elle l’était, mais dans des circonstances encore plus difficiles.
Écrit pour être un film à petit budget – environ 10 000 $ – Mme LeBlanc a dit qu'elle avait songé à le réaliser elle-même depuis son sous-sol, au cas où il ne susciterait pas l'intérêt des gens de l'industrie cinématographique. « C'était le but », a-t-elle dit, précisant que le film Oxygène devrait rapporter environ 15 M$.
Heureuse d'avoir participé au processus de production du film – en tant que productrice exécutive – Mme LeBlanc s'est dite ravie du produit final, ajoutant que c'était un plaisir de travailler avec l'équipe de production. « On entend des histoires d'horreur de la part des scénaristes... sur la façon dont le script est totalement réécrit et dont le réalisateur change tout », a mentionné la scénariste. « M. Aja a offert son entière collaboration dès le départ. Il a aimé le scénario, il a cru en la vision, et les notes qu'il a apportées n'ont pas changé l'histoire. Elles l'ont juste améliorée ».
Après avoir visionné le montage final, Mme LeBlanc n'arrivait pas à croire qu'elle voyait un vrai film hollywoodien écrit avec ses propres mots dans la vraie vie. « À certains moments, j'ai dû arrêter le film et pleurer, tellement j'étais bouleversée par la perfection du film », a déclaré Mme LeBlanc. « Mélanie Laurent, je ne pouvais pas croire à la performance qu'elle a donnée », a-t-elle ajouté. « J'ai presque l'impression que je devrais lui envoyer une corbeille de fruits ou des fleurs ou autre chose... elle a fait un travail incroyable ».
Pour l'avenir, LeBlanc va développer un long métrage pour la nouvelle série de la société française de jeux vidéo Ubisoft, intitulée Ubisoft Originals. « Ils vont faire un tas de films », a affirmé Mme LeBlanc. « Ce ne sont pas des films sur les jeux. Mais ils sont basés sur l'univers du jeu... Ils devraient entrer en production très bientôt ».
Étant une ancienne réviseure pigiste, Mme LeBlanc a toujours été passionnée par le cinéma et par l'écriture de scénarios, et elle aspirait depuis longtemps à créer ses propres films. L'une des premières graines à l'origine de la cinéphilie qu'elle est devenue, Mme LeBlanc se souvient qu'elle avait environ quatre ans lorsque son frère, qui se passionnait pour les films animés, l'emmenait voir des films d'animation dans les cinémas locaux. « Nous pouvions voir le même film 10 fois en deux jours », raconte-t-elle. « Ce fut une introduction assez cool au monde du cinéma ».
Se lançant dans l'écriture de scénarios environ huit ans avant d'écrire O2, Mme LeBlanc a travaillé dur pour affiner ses compétences le soir, après avoir fait de la révision pendant la journée. Après avoir rédigé d’innombrables premières ébauches, des pages de travail essentiellement inédites et des scripts d’apprenti autoproclamés, avant de s’établir comme la scénariste certifiée Netflix qu’elle est aujourd’hui, Mme LeBlanc est catégorique : pour réaliser ses rêves, il faut aimer ce que l'on fait et s'y tenir. On peut suivre Mme LeBlanc sur Twitter à l'adresse @thatScriptChick.