ÉDITORIAL
Stop au fatalisme!
On veut nous faire croire que les faits sont là et sans ambiguïté : selon l’étude « Diplomation et qualification » de l’Institut du Québec, à peine 64 % des élèves de la cohorte de 2003-2004 ont obtenu leur diplôme d’études secondaires en cinq ans au Québec, contre 84 % en Ontario. Si vous avez un fils (ou un petit-fils), ce serait pire encore : seulement 57 % des gars réussissent ce soi-disant exploit, alors que 71 % des filles y arrivent.
Nous pourrions d’abord nous réjouir (un peu) des 4 % de hausse en 10 ans; qu’avec une 6e année (équivalente à la 12e année ontarienne) ou avec une 7e année, le taux passe à plus de 72 %. Rappelons aussi que si la part du budget ontarien en éducation dans les personnes-ressources a augmenté de 60 % entre 2005 et 2015, au Québec, ce ne fut que de 20 %, et dans les infrastructures et les transports, alors que les libéraux coupaient dans le personnel.
Les solutions? Certains spécialistes voudraient proposer aux jeunes des stages en milieu professionnel tout au long du secondaire… Pour les mettre au travail plus rapidement encore? Dès seize ans, ou même avant, ils ont déjà un emploi rémunéré, qui les occupe les fins de semaine et les soirs. Ils sont fatigués, moins à leurs affaires (scolaires) et un peu trop grisés par cet afflux soudain d’argent. Seraient-ils davantage motivés à rester à l’école? D’autres nous parlent d’adopter des stratégies d’enseignement « gagnantes », des programmes exemplaires, comme aux États-Unis. Le système américain comme modèle? L’éducation y est la plus incohérente, la plus divisée et inégalitaire qui soit! Tout le monde avec un ordi et les problèmes seront réglés? Inspirons-nous des bonnes pratiques autour de nous, mais cessons de penser que la solution est forcément ailleurs. C’est bien un postulat de « consultant en éducation », que l’on fait venir à prix d’or dans les écoles pour donner des conseils… alors que nous avons les ressources et l’intelligence déjà sur place.
Vendredi soir dernier, je suis allé au « Spectacle de Grande-Rivière ». Une soirée qui avait disparu du radar depuis 4 ans, dont le concept a été élargi à tout le personnel et aux élèves de l’école. Résultat : des numéros musicaux de très haute qualité et des sketches parodiques, dans lesquels figuraient autant des élèves, que des concierges, des enseignants, des techniciens, etc. Près de 400 personnes – parents, élèves, amis — s’étaient massées dans l’agora pour assister à un événement inclusif, festif, qui a recueilli en plus 1500 $ pour le Centre alimentaire d’Aylmer.
Il est certain que l’on ne peut organiser cela toutes les semaines partout, cependant son succès prouve qu’il y a de la fierté et de l’attachement dans nos écoles, deux facteurs déterminants pour garder nos enfants aux études. Ajoutez-y des sports encore plus accessibles (pourquoi ne pas créditer les activités parascolaires dans le diplôme et les rendre gratuites ou presque, plutôt que fonctionner selon le mode « utilisateur/payeur »?) ; la possibilité de faire un parcours personnalisé, avec un plus grand choix de matières, dont des langues, des sciences sociales qui permettent de mieux comprendre le monde qui nous entoure… Et sur cette base, pourquoi ne pas rendre l’école obligatoire jusqu’à 17 ou 18 ans?