---Restrictions potentielles visant les parcs canins à Gatineau : les propriétaires montrent les crocs
À la suite de la levée de boucliers provoquée chez les résidents propriétaires de chiens après avoir appris que les élus municipaux songeaient à interdire les chiens sans laisse dans quatre parcs canins de la ville, le conseil municipal de Gatineau a reporté d'un mois l'examen public de cette question.
Le conseil avait initialement prévu de présenter, lors de sa réunion du 16 mars, une motion visant à modifier la réglementation municipale afin d'exiger que les chiens se trouvant dans les parcs canins non clôturés de la ville soient tenus en laisse, mais ce dossier a été retiré de l’ordre du jour afin de l'étudier davantage. La veille de la réunion, le Club canin d’Aylmer (CCA) a expliqué la situation à ses plus de 1 300 membres sur Facebook, les exhortant à sensibiliser les politiciens locaux à l'importance de trouver une solution pour préserver ces espaces.
Élise Robillard, porte-parole de la Ville de Gatineau, a précisé au Bulletin que le conflit ne porte pas sur la fermeture éventuelle des parcs à chiens non clôturés, mais plutôt sur le souci de se conformer à la réglementation provinciale en vigueur depuis un an. La modification proposée à la loi provinciale rendrait les parcs accessibles aux chiens en laisse, mais pas sans laisse. Le Règlement provincial d'application de la Loi sur l'encadrement des chiens, adoptée en mars 2020, stipule que « dans un endroit public, un chien doit en tout temps être sous le contrôle d’une personne capable de le maîtriser, sauf dans une aire d’exercice canin ou lors de sa participation à une activité canine ».
Les parcs pour chiens visés par cette restriction sont le Parc Jardins-Lavigne (Aylmer), le Parc de la Technologie (Hull), le Parc Lamarche (Gatineau) et la partie nord du Parc Lac-Beauchamp (Gatineau), puisque ces derniers ne sont pas clôturés. Sans être surpris par la réponse de la Ville au tollé public, le président du CCA, André Lemay, a déclaré au Bulletin d'Aylmer qu'il s'agit d'une question d'interprétation juridique, et que la question a été mal interprétée. Il a fait valoir que la loi provinciale n'exige pas que les parcs à chiens comprennent des clôtures physiques et ne définit pas clairement ce qui constitue un parc à chiens. « La Ville doit revoir la façon dont elle désigne les parcs », a dit M. Lemay, soulignant qu’elle a créé les quatre parcs à chiens concernés il y a deux ans dans le but précis de fournir aux propriétaires de chiens des espaces pour des activités sans laisse. « Il n'y avait aucune raison de créer ce problème ».
Affirmant que les municipalités sont responsables de l'application de la réglementation provinciale, M. Lemay a noté que Gatineau reconnaît actuellement quatre parcs canins locaux (où elle prévoit rendre les laisses obligatoires) et deux aires d'exercice canin sans laisse (espaces clôturés). Il a expliqué que le règlement municipal de Gatineau stipule que la Ville peut aménager une aire d'exercice canin sur un terrain lorsqu’un organisme composé d’au moins 100 membres démontre qu’il y a un besoin pour une telle aire et qu’il est disposé à s’engager d’en assumer, à ses frais, l’exploitation et l’entretien pendant une période d’au moins trois ans. Il ajoute que le règlement municipal ne fait aucune mention de la nécessité d'ériger une clôture autour d'une aire d’exercice canin, ce qui fait que les parcs canins non clôturés de Gatineau ne sont pas en infraction de la loi provinciale. Afin de préserver le statut des quatre parcs à chiens non clôturés du territoire et de trouver un compromis qui plaira à tous, il estime que la Ville doit simplement renommer ses espaces pour y inclure la notion d'aires d'exercice canin – sans avoir à ériger de clôtures. « La solution est relativement simple », a déclaré M. Lemay.
Remettant en question la nécessité de modifier les règlements municipaux pour rendre les parcs non clôturés légaux au niveau provincial, M. Lemay dit que les conseillers doivent comprendre l'importance de maintenir un service aussi populaire pour les propriétaires de chiens locaux et le prix à payer si on les perdait. « Ce serait désastreux », a déclaré Lemay, estimant qu'il y a environ 50 000 chiens à Gatineau et qu'environ 20 % des résidents possèdent des chiens. « Ça fait beaucoup de chiens ». Il ajoute que les aires d'exercice canin du parc Allen et de celle à Buckingham, qui sont clôturées – donc légales au niveau provincial – ne sont pas assez grandes pour répondre à la demande locale, surtout si quatre des plus grands parcs de la ville sont essentiellement fermés. Tout en espérant le meilleur résultat possible pour les propriétaires de chiens, Lemay se dit sceptique quant à la façon dont la Ville va gérer la situation et déçu par son manque de transparence. « Nous ne disons pas que ça ne fonctionnera pas », a t il indiqué. « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que cela fonctionne ».
En plus de l'installation de panneaux d'information dans les parcs canins locaux et de la diffusion d'informations sur les médias sociaux, Lemay a indiqué que le CCA s'est récemment joint à d'autres associations canines locales pour mener sa campagne de mobilisation. Signalant que la question est compliquée – notamment en raison des clôtures – le conseiller du district de Lucerne, Gilles Chagnon, a également déclaré que la question concerne l’interprétation juridique et le respect des règles de sécurité publique. « Ce n'est pas noir et blanc », a déclaré Chagnon, notant que la loi provinciale ne mentionne rien au sujet d'une clôture. « Il y a trop de zones grises ».
Notant que le conseil a reporté l'annonce à une date ultérieure, M. Chagnon a déclaré qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour trouver des solutions acceptables pour la Ville et la communauté canine locale. « C'est là le défi », a dit Chagnon, indiquant qu'il a reçu de nombreuses plaintes de résidents à ce sujet. « Au bout du compte, les chiens ont besoin de courir. Nous ne voulons pas encourager les gens à laisser leurs chiens déambuler dans la rue ou à les laisser confinés à la maison. Nous avons un parc qui est énorme. Maintenant, nous devons le rendre légal ».
Ayant elle aussi reçu de nombreuses plaintes des résidents concernant le parc à chiens, la conseillère du district d'Aylmer, Audrey Bureau, a déclaré qu’il était trop tôt la semaine dernière pour faire une annonce. Considérant également qu’il s’agit d’une question d'interprétation juridique, elle a dit qu'il s'agit de définir ce qui constitue une aire d'exercice canin. Mme Bureau estime qu'il y a deux interprétations possibles. On pourrait voir le gouvernement provincial déclarer que les aires d'exercice canin doivent être physiquement fermées. L'autre interprétation serait que les aires d'exercice canin n'ont pas besoin d'être clôturées.
Si le premier scénario est le bon, Mme Bureau a déclaré que le conseil municipal devra adopter un budget pour financer l'installation de clôtures aux quatre parcs à chiens en question – ce qui ne pourrait probablement pas être terminé avant le printemps 2022. En accord avec M. Lemay, selon lequel la loi provinciale ne précise pas que les parcs à chiens sans laisse doivent être entourés d'une clôture, Mme Bureau est en faveur du deuxième scénario. Cette dernière assure que les conseillers seront déterminés à trouver la meilleure solution au problème. Elle a également demandé aux résidents de l'informer s'ils ont connaissance d'un parc pour chiens sans laisse dans la province qui n'est pas clôturé sur un terrain municipal.
Attribuant la décision du conseil municipal de repousser l'annonce à une date ultérieure à la crainte d'une réaction négative de la part du public, le conseiller du district de Deschênes, Mike Duggan, soutient que la question est plus simple que certains ne le laissent entendre. « Je dirais que le tollé public a entrainé une certaine lâcheté politique », a dit M. Duggan. « Les gens ne veulent pas être perçus comme étant contre les chiens ».
Étant donné que les parcs à chiens de Gatineau – à l'exception de l'aire d'exercice canin clôturée du parc Allen et de celle à Buckingham – ne respectent pas la législation provinciale, la Ville n'a d'autre choix que de régler le problème en conséquence, a dit Duggan. « En tant que conseillers municipaux, nous jurons de respecter les lois et de les faire respecter », a t il déclaré, soulignant que les personnes qui font pression sur le conseil ne représentent pas la majorité de la population. « À l’heure actuelle, nous ne respectons pas la loi provinciale. Les chiens doivent se trouver dans des espaces clos... nous devons donc prendre des mesures pour nous y conformer ».
Amoureux autoproclamé des chiens, Duggan a déclaré qu'il comprenait les avantages de donner aux chiens la liberté de courir librement et de socialiser, ainsi que les avantages sanitaires et sociaux de cette activité pour les propriétaires de chiens. Il a toutefois insisté sur le fait que les parcs pour chiens sans laisse sont un privilège et non un droit essentiel, ce qui signifie que le respect de la loi et de la sécurité d'autrui doit être la priorité absolue.
Affirmant que la question est en grande partie hors du contrôle de la Ville, il a encouragé les résidents à soutenir les conseillers municipaux dans la recherche de la meilleure solution au lieu de les attaquer pour s'être retrouvés dans une situation malheureuse. Pour Duggan, la solution évidente au problème – qui pourrait prendre plus de temps que certains ne le souhaiteraient – consiste à créer un budget dédié au financement de l'installation de clôtures autour des quatre parcs non clôturés. « Une clôture est la forme de barrière la moins chère que vous puissiez avoir », a dit Duggan. « Nous devons établir des plans, déterminer où nous allons construire les clôtures, leur hauteur, lancer un appel d'offres, avoir le budget nécessaire pour payer le contrat et construire les clôtures ».
M. Chagnon convient que la meilleure façon de procéder est de trouver un moyen réaliste de financer les clôtures. Le Bulletin d’Aylmer a communiqué avec le député local André Fortin pour obtenir des commentaires sur la question, mais n'a pas reçu de réponse à temps pour l'impression. Le conseil municipal abordera la question publiquement lors d'une prochaine réunion plénière. (Trad. : MET)