Réduction des ordures ménagères municipales : Gatineau bonne première au Québec

Grâce à une réglementation municipale plus écologique et à une mobilisation citoyenne accrue au cours des cinq dernières années, la ville de Gatineau s'est hissée au premier rang de la province en matière de réduction des déchets générés. D’après le bilan du Plan de gestion des matières résiduelles 2016 2020 (PGMR) de la Ville, présenté au conseil municipal le 23 février, seulement 287 kg de déchets ultimes par habitant ont été éliminés par année depuis 2016, soit environ 100 kg de moins que la ville de Lévis, qui occupe la deuxième position (année de référence 2019). Selon un communiqué de presse publié par la Ville à la même date, 23 des 29 actions associées au Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) 2016-2020 ont été réalisées et tous les objectifs de récupération ont été atteints. Les actions du plan sont toutes terminées ou amorcées. Les actions visant la Ville elle-même ainsi que certaines actions visant le secteur des industries, commerces et institutions (ICI) se poursuivront en 2021.

Rappelons que les principaux objectifs du PGMR 2016 2020 étaient les suivants : diminuer les déchets éliminés en provenance du territoire de la Ville de Gatineau – par rapport à 2013 – de 45 % dans le secteur résidentiel, de 50 % dans le secteur des industries, commerces et institutions (ICI), et de 55 % dans le secteur de la construction; informer, sensibiliser et éduquer tous les générateurs de matières résiduelles à propos des bonnes pratiques de gestion des matières et du PGMR; atteindre les objectifs de récupération des matières résiduelles fixés par la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles. Les mesures touchant les activités corporatives et le secteur ICI se poursuivront en 2021. Le PGMR actuel (2016-2020) demeurera en vigueur jusqu'à ce que le nouveau soit adopté pour 2022 2028.

La Ville a indiqué qu’à la suite de l'entrée en vigueur du système de tarification incitative, les efforts collectifs des Gatinois pour mieux trier leurs matières résiduelles ont porté fruit. Le tonnage des ordures ménagères a diminué de 18 % par rapport à 2013. Sans la pandémie, la baisse aurait pu être de 28 %. 

Le tonnage des matières recyclables collectées a augmenté de 12 % par rapport à 2013 et, en 2020, 74 % des matières recyclables générées par les citoyens ont été récupérées. Pour les matières compostables, le tonnage a augmenté de 50 % depuis 2013, la Ville ayant récupéré 68 % de ce que les résidents ont généré. En ce qui concerne les résidus de construction, rénovation et démolition, 86 % du total généré a été récupéré par la Ville. Actuellement, à Gatineau, lorsqu’il s’agit d’immeubles à logements multiples desservis à la cour par conteneur au niveau de la collecte des ordures ménagères, 70 % des unités d’habitation utilisent le bac brun pour le compostage, par rapport à 80 % lorsqu’il s’agit d’immeubles à logements multiples desservis en bordure de rue.   

Le communiqué de presse nous apprenait que selon les dernières données sur la composition des ordures ménagères, 40 % du contenu des bacs gris correspond à des matières compostables et recyclables, comparativement à 60 % en 2013. Même si l'objectif de réduire de 45 % la quantité de déchets ultimes dans le secteur résidentiel n'a pas encore été atteint, la Ville estime que les résultats sont très satisfaisants, et ajoute que si la tendance se maintient, les objectifs du secteur résidentiel devraient être atteints en 2021. La Ville a aussi ajouté que le PGMR a été mis en œuvre un an plus tard que prévu, et que les catastrophes naturelles telles que les inondations et les tornades de ces dernières années ont entrainé une forte hausse de la quantité totale de déchets produits. 

Saluant les mesures prises par la Ville pour réduire la quantité de déchets générés sur son territoire au cours des douze dernières années, la présidente de la Commission sur le développement du territoire, l'habitation et l'environnement, et conseillère du district du Plateau, Maude Marquis-Bissonnette, a souligné que Gatineau s'avère être à l'avant-garde des pratiques écologiques dans la province. « On peut entre autres penser à la mise en place d'un système de tarification incitative à la réduction des ordures ménagères pour le secteur résidentiel », a indiqué Mme Marquis-Bissonnette. « Gatineau est d'ailleurs la première grande ville du Québec à avoir adopté ce système. De plus, la collecte des matières compostables est maintenant offerte à la très grande majorité des unités résidentielles, y compris les multilogements. La Ville a aussi offert un service d'accompagnement et de conseils, en plus de développer des partenariats avec des organismes sans but lucratif et environnementaux. Avec la concertation et la collaboration mises de l'avant par la Ville, Gatineau est devenue une référence en ce qui concerne la gestion des matières résiduelles sur son territoire ».

Ravie de la collaboration des résidents envers le mandat de réduction des déchets de la Ville, la conseillère du district d'Aylmer, Audrey Bureau, a déclaré que le bilan positif du PGMR démontre que les efforts locaux ont porté fruit. Constatant qu’il y a encore place à beaucoup d’améliorations en ce qui concerne la réduction des déchets produits par les entreprises et les institutions locales, Mme Bureau a indiqué que le prochain PGMR de la ville (2022-2028) fera une priorité de cette question, notamment en sensibilisant davantage les citoyens à des pratiques plus écologiques. Alors que le nouveau PGMR devrait être établi au cours des prochains mois, la conseillère invite la population à rester à l’affût de l’information liée aux consultations publiques à venir sur la question, et à la manière de participer au processus consultatif. Faisant état du fait que la Ville n'a pas encore interdit certains matériaux tels que la mousse de polystyrène et les bouteilles d'eau en plastique, ainsi que d'autres plastiques à usage unique, Bureau a expliqué que Gatineau attend de connaitre les intentions du gouvernement fédéral à cet égard. Les déchets textiles représentent aussi un problème répandu à Gatineau qui nécessite une solution respectueuse de l'environnement. 

Considérant que l'élaboration initiale du PGMR a été un choc pour les résidents, qui ont dû revoir en profondeur leurs habitudes en lien avec la gestion des matières résiduelles, le conseiller du district de Deschênes, Mike Duggan, s’est dit fier de son succès. « Nous sommes très heureux de ce projet », a t il dit, soulignant que les résidents de Gatineau doivent encore améliorer leurs pratiques de compostage. « Le but ultime recherché est que le bac gris soit aussi léger que possible ».

Expliquant que la Ville a approuvé la construction d'un écocentre à Aylmer ainsi qu’un projet pilote d’écocentre mobile, dont les services seraient offerts dans divers secteurs à quelques reprises pendant l’année, le conseiller du district de Lucerne, Gilles Chagnon, s'est dit optimiste quant à la capacité de Gatineau d’éliminer beaucoup plus de déchets dans les années à venir.