Projet de loi 96 : François Legault interpellé dans une lettre ouverte du QCGN
Sophie Demers
Dans une lettre ouverte du Quebec Community Groups Network (QCGN), principal groupe de défense des intérêts des communautés d’expression anglaise de la province, adressée au premier ministre François Legault, l’organisme soutient que l’utilisation de la catégorie du projet de loi 96, « admissible à l’enseignement en anglais », est gravement restrictive – privant de 300 000 à 500 000 Québécois d’expression anglaise du droit de recevoir des services en anglais – et qu’elle ne tient absolument pas compte de l’affirmation de l’identité de leur communauté. En vertu des normes internationales, les minorités se définissent elles-mêmes; elles ne sont pas définies par l’État. La minorité d’expression anglaise du Québec ne se décrit pas en fonction de la catégorie « admissible à l’enseignement en anglais », et juge que son utilisation élargie est choquante.
Bon nombre de résidents du Québec, comme les immigrants ou les personnes s’étant établies dans la province après l’entrée en vigueur de la loi 101, doivent envoyer leurs enfants dans une école française si ces derniers n'ont pas appris l'anglais au Canada, quelle que soit la langue que la famille comprend le mieux », explique Rita Legault. La Charte de la langue française (communément appelée la loi 101) vise à protéger le français et son usage dans la province.
En ce qui concerne le projet de loi 96, les Québécois d’expression anglaise craignent surtout que le gouvernement limite l’accès aux services en anglais. En effet, l’un des quatre objectifs du projet de loi est de faire du français la seule langue officielle et commune au Québec.
Lors de son discours inaugural à l’Assemblée nationale, le 19 octobre 2021, le premier ministre Legault a qualifié les Québécois d’expression anglaise d’« anglophones historiques ». Le lendemain, il a défini la communauté historique d’expression anglaise comme étant composée de personnes admissibles à l’enseignement en anglais au Québec.
Rita Legault, directrice des communications au QCGN, a rappelé que l’admissibilité à l’enseignement en anglais au Québec n’est aucunement liée à la langue de l’élève ou du parent. Elle repose plutôt sur la langue d’enseignement reçue par le parent ou sur le parcours scolaire antérieur de l’élève ou de ses frères et sœurs.
« À notre avis, le droit à la communication et aux services en anglais ne devrait jamais être fondé sur l’admissibilité à l’enseignement en anglais. Nous sommes convaincus que le statu quo reflète les valeurs et la générosité d’esprit de tous les Québécois », peut-on lire dans la lettre ouverte.
« Les Québécois d’expression anglaise sont des membres productifs et à part entière de la société québécoise, tous déterminés à bâtir un Québec inclusif où le français est la langue commune », a écrit le QCGN.
Un grand nombre d’organisations appuient la résolution du projet de loi 96 telle que décrite par le QCGN, notamment l’Association régionale des West Quebecers (ARWQ), l’Association des journaux régionaux du Québec (AJRQ) et l’Association des commissions scolaires anglophones du Québec (ACSAQ).
Trad. : MET