Projet de construction approuvé sur Morley-Walters; l’accès au rapport d'évaluation environnementale refusé aux citoyens
Sophie Demers
À sa séance tenue le 23 août 2022, le conseil municipal de la Ville de Gatineau a approuvé la construction de deux bâtiments résidentiels de 24 logements chacun aux 15 et 21, chemin Morley-Walters, dans le cadre du projet Place Walters du promoteur Brigil, entamé en 2005.
De nombreux résidents du quartier ont exprimé leurs préoccupations dans le passé et continuent de le faire. Lors de la séance, cinq résidents ont pris la parole devant le conseil municipal. Ceux-ci ont exhorté les membres à reporter le vote afin de permettre aux intervenants – les citoyens, la Ville et le promoteur – de poursuivre les discussions et de trouver un compromis. La décision avait déjà été reportée depuis juillet à la demande de la conseillère du district de Mitigomijokan, Anik Des Marais.
Simon Roy est un citoyen qui a travaillé avec un petit groupe communautaire pour faire entendre ses préoccupations. Il milite pour que des modifications soient apportées au projet.
Préoccupations en matière de transparence
M. Roy a indiqué au Bulletin que l’une des préoccupations des résidents est liée au fait que le rapport d’évaluation environnementale effectuée par Brigil n'est pas accessible au public ni aux membres du conseil. Les résidents ont demandé l'accès au document, ce que Brigil a refusé.
« Malheureusement, ces études ne peuvent être rendues publiques sans l'accord des promoteurs. Même les élus n'y ont souvent pas accès! J'ai été un peu surprise de l'apprendre parce que, selon moi, les données environnementales devraient être d’ordre public. La Ville a eu accès aux études et notre administration a l'expertise pour les analyser. Le problème, c'est que les citoyens n'y ont pas eu accès parce que le promoteur a le droit de refuser », a déclaré la conseillère Anik Des Marais. « C'est la Loi sur l'accès à l'information qui doit être revue. Le promoteur m'a donné accès aux documents parce que j'ai insisté, mais je ne peux pas les partager ou en parler. Pour moi, c'est inacceptable. Nos processus sont publics et transparents; les documents sur lesquels nous fondons nos décisions devraient donc l’être tout autant! ».
M. Roy a souligné que les résidents souhaitaient travailler avec la Ville et le promoteur pour s'assurer que le projet est respectueux de l'environnement et répond aux préoccupations de la communauté. M. Roy et le groupe communautaire ont recueilli 200 signatures de résidents qui s’opposent au projet et qui souhaitent que des changements y soient apportés.
À l'automne 2005, la Ville de Gatineau a adopté la première phase du projet Place Walters, qui couvrait une partie du terrain situé sur le chemin Morley-Walters. À l'époque, une séance de consultation avait été menée auprès des résidents. La résolution a été le résultat d'une discussion et d'une entente à l'amiable entre la Ville, Brigil et les résidents du secteur.
Dans le cadre du projet, deux quartiers résidentiels ont vu le jour au large du chemin Morley-Walters, soit ceux situés sur les rues Clarence et du Tartan. Ces secteurs sont majoritairement composés d’habitations unifamiliales. À l’époque, les fonctionnaires municipaux et les membres élus du conseil avaient affirmé aux résidents que les plans ne seraient pas modifiés. Or, 17 ans plus tard, alors qu’une partie du projet n’est pas terminée, Brigil propose de construire deux bâtiments résidentiels de 24 logements chacun.
Les résidents s'inquiètent de l'impact environnemental que ce projet aura sur les environs. L'un d'entre eux, qui s'est adressé au conseil lors de la séance du 23 août, a témoigné qu’au fil des ans, de nombreuses maisons du secteur ont connu des problèmes d'inondations de leur sous-sol en raison de la proximité d'un bassin de rétention.
Les résidents étaient également préoccupés par les enjeux de circulation en l’absence d’investissement adéquat dans les infrastructures. Le projet impliquerait l'abattage de nombreux arbres.
M. Roy a dit au Bulletin qu'après avoir fait part des inquiétudes des résidents à la conseillère du district, Anik Des Marais, celle-ci avait suggéré de demander la tenue d’une séance de consultation avec Brigil. Une rencontre a eu lieu, où il a été question d'une modification approuvée par les résidents et les citoyens avaient demandé que le projet soit retiré de l’ordre du jour afin de permettre à toutes les parties de discuter et de trouver un compromis.
Le groupe de résidents a proposé une modification au projet, soit la construction de deux habitations unifamiliales et d’un bâtiment de 24 logements. Selon M. Roy, il s'agit d'un compromis qui tiendrait compte des préoccupations des résidents ainsi que du besoin de densification.
Après avoir entendu les commentaires des citoyens lors de la séance du conseil, la mairesse, France Bélisle, a souligné que Brigil s'est engagé à améliorer le bassin à ses frais pour s'assurer qu'il n'y ait pas de problèmes d'inondations.
« Nous ne sommes pas contre la densification, nous comprenons la nécessité du projet, mais nous voulons qu'il soit cohérent avec le quartier et qu'il y ait un impact minime sur l'environnement », a déclaré M. Roy.
Au cours de la séance du 23 août, Caroline Murray a proposé de reporter le vote sur le projet à septembre, mais cette proposition n'a pas été adoptée. Le projet a ensuite été approuvé par le conseil.
« Je pense que c'est un projet qui aurait pu être amélioré et je suis déçue qu'il ait été accepté tel que proposé, d'autant plus que les citoyens étaient mobilisés et ouverts au dialogue », a déclaré Mme Des Marais. « Le conseil a même proposé de reporter une nouvelle fois l'adoption du projet pour laisser un peu plus de temps au dialogue, mais le vote a été perdu ».
Légende photo : Simon Roy s’adressant au conseil municipal le 23 août.
Trad. : MET