LETTER
LETTRE
Pour des îlots de chaleur humaine!
Le phénomène de l’itinérance n’était pas jadis une réalité si présente en périphérie du centre-ville de Gatineau. Jusqu’à il y a quelques années, nous n’avons pas souvenance d’avoir croisé des campements de sans-abris dans nos boisés du secteur Aylmer. Seulement dans un rayon de deux kilomètres entre le centre aquatique Paul-Pelletier et la rivière, cinq campements occupés à plus ou moins long terme par des sans-abris ont pu être observés cette année (l’an dernier? un). Des campements de fortune empilés de couvertures et de déchets de toutes sortes où des personnes souffrantes passent la nuit, le ventre vide ou à demi apaisé par un McDo que l’aumône de la veille leur aura rapporté. Loin de se limiter à quelques endroits névralgiques, comme le long du ruisseau de la Brasserie dans le secteur Hull, le phénomène s’étend maintenant à toute la ville de Gatineau.
On connaît tous la source du problème : pas d’adresse, pas d’aide sociale; pas d’aide sociale, pas d’adresse. Heureusement, il y a une solution qui fait ses preuves en Finlande, aux É-U et ailleurs et qui propose, à l’inverse, de loger d’abord les personnes touchées par la santé mentale et de les encadrer pour ensuite les traiter. Mais pour cela, il faut des logements abordables.
En plus des victimes de santé mentale, dont le nombre est exacerbé par la pandémie, il y a les autres victimes qui commencent à s’entasser : femmes victimes de violence conjugale, grandes familles, Autochtones, personnes « racisées », personnes en situation d’handicap et personnes dont le revenu ne permet plus de payer le loyer. Mais pour commencer à régler cela, il faut des logements abordables.
À Aylmer, on construit des logements jusque dans les fossés et jusqu’à plus soif. Combien de logements abordables parmi cette montagne de légos de luxe?
Pendant que les organismes tels Logemen’occupe tentent depuis des années de faire bouger le socle de béton de l’indifférence aux 3 paliers, le tableau du bien-être de la société québécoise se lézarde. Autant nous combattons les îlots de chaleur, ces espaces asphaltés en bonne partie responsables d’une dégradation accélérée de notre qualité de vie et intenables en cette ère de réchauffement, autant nous réclamons des logements abordables.
Claire Charron & France Gagnon
Aylmer