Préoccupations en matière de santé
Pas de pneus déchiquetés dans les terrains synthétiques d’Aylmer
Il n’y aura pas de morceaux de caoutchouc provenant de pneus recyclés dans les terrains synthétiques qui seront installés à Aylmer. On a annoncé dernièrement la construction de deux terrains de sport à Aylmer, l’un pour l’école secondaire Grande-Rivière et l’autre pour D’Arcy McGee.
De nos jours, la plupart des terrains synthétiques contiennent du caoutchouc provenant de pneus usagés mais la Ville l’interdit pour des raisons de santé.
« Bien que les études ne démontrent pas de risques tangibles pour l’utilisation des terrains synthétiques par les joueurs, Gatineau prend toutes les mesures possibles pour réduire encore davantage ce potentiel. Ainsi, pour l’aménagement du nouveau terrain synthétique à l’école secondaire Le Carrefour (secteur Gatineau) qui sera complété d’ici quelques semaines, le devis excluait spécifiquement l’utilisation de granules de caoutchouc provenant de pneus recyclés. La Commission scolaire des Draveurs a décidé, tout comme la Ville de Gatineau, d’exclure l’utilisation de granules provenant de pneus recyclés dans les projets de terrains synthétiques. Ce sera notamment le cas pour les terrains synthétiques envi-sagés en 2017 à Aylmer ou sur tout autre site qui pourrait accueillir ce type d’installation dans l’avenir. »
Connu sous le nom de « granulats de caoutchouc », ce matériau est utilisé de manière importante dans la fabrication de terrains synthétiques. Toutefois, certains soutiennent que ce type de matériaux utilisés ne seraient pas sécuritaires.
La scientifique Dr Meg Sears, de « Prevent Cancer Now », écrivait dans son article « The dirt on artificial turf » que « l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis avait découvert que les terrains synthétiques contenaient des métaux toxiques tels que du plomb, du cadmium et du mercure. Des produits chi-miques cancérigènes et autrement toxiques peuvent être dissous par l’eau de pluie et que des échappements de gaz peuvent se produire sous l’effet du soleil. Les centres de contrôle et de prévention des maladies ont rapporté des niveaux possiblement inquiétants de plomb dans la poussière de terrains plus vieux (seul le plomb avait été mesuré). Une étude récente reconnaît que des hydrocarbures et des métaux toxiques peuvent s’échapper dans l’air et dans l’eau en provenance des terrains synthétiques bien que les niveaux peuvent varier grandement et peuvent parfois se comparer à d’autres sources de pollution urbaine telles que les émanations des véhicules. »
Dr Sears a confié au Bulletin qu’elle était encouragée du fait que la Ville bannisse l’usage des pneus mais que du caoutchouc en miettes, qu’il provienne de pneus usagés ou autres, demeure du caoutchouc synthétique avec les mêmes propriétés.
« Les composantes toxiques proviennent du caoutchouc artificiel – et non du fait que les pneus sont vieux. ‘Coutchouc’ est un terme générique », ajoute-t-elle, « Les émanations et les particules provenant de caoutchouc déchiqueté contiennent des produits chi-miques toxiques et l’incidence de cancer chez des gardiens de but qui ont joué sur des terrains synthétiques contenant du caoutchouc en miettes est à la hausse », dit Dr Sears, « Sur 27 joueurs qui ont développé un cancer, 22 sont des gardiens de but. Comme ils doivent s’élancer pour faire des arrêts, ils respirent et ingèrent plus de miettes de caoutchouc que les autres joueurs. »
Dr Sears fait remarquer qu’il est difficile de prouver que les matériaux dans les terrains synthétiques ont un lien direct avec le cancer. Elle recommande toutefois aux athlètes qui utilisent ce type de terrain de « bien se laver les mains et la figure avant de manger et de minimiser l’ingestion de poussière et de caoutchouc et de ne pas garder les bouteilles d’eau sur le terrain.»
Elle indique qu’il est aussi important de « tester le caoutchouc afin de détecter la présence de produits chimiques toxiques ainsi que les eaux de ruissellement. »
Une porte-parole de la Ville de Gatineau a indiqué par courriel qu’un « laboratoire indépendant, engagé par l’entrepreneur, se charge d’analyser les granules avant leur installation et d’assurer leur conformité aux exigences. Les granules de caoutchouc cryogénique peuvent être produites par différents manufacturiers sans provenir de pneus recyclés », a ajouté la porte-parole de la ville. Elle note aussi que des granules de type EPDM ont été utilisées pour le projet de terrain à l’école Le Carrefour.
Dr Sears indique qu’elle ne connaît pas la durée de vie de ce type de matériel, mais qu’elle éprouve tout de même des inquiétudes.
« Le matériel risque de se dissoudre très lentement et dans ce cas, ce n’est pas la meilleure chose à mettre sur un terrain synthétique. S’il ne se dissout pas, il va se transformer en petits éclats qui accumuleront des produits chimiques toxiques, ce qui affectera la chaîne alimentaire. Nous pouvons le constater en raison de l’eau et des études effectuées sur des vers de terre », a-t-elle expliqué.
Malgré ces préoccupations, plusieurs organismes publics et clubs sportifs vont tout de même de l’avant avec l’installation de terrains synthétiques.
« Il n'y a aucune preuve concluante qui démontre que ce genre d’installations peut causer du tort, mais il n’y en a pas qui indique le contraire », a indiqué Sears.
« Ce qui est malheureux, c’est que la recherche est conçue de telle sorte que les gens concluent que c’est la meilleure alternative. Il faut s'interroger sur le processus car, il y a beaucoup de répercussions qui ne sont pas prises en consi-dération et qui devraient l'être. »