Nouvelle technologie prometteuse dans la lutte contre l’épidémie de surdoses d'opioïdes
Sophie Demers
Une nouvelle technologie novatrice permettant de détecter le contenu potentiellement toxique des drogues illicites pourrait être commercialisée d'ici un an.
DoseCheck est un petit appareil portatif doté d’une technologie de vérification des drogues par téléphone intelligent, en mesure d’analyser rapidement et avec précision la composition d’une drogue et la concentration de chacun des composants présents dans l’échantillon de drogue analysé. Mise au point conjointement par Dan Werb et Drew Hall, finalistes au « Défi des technologies de vérification des drogues » en 2018, cette technologie permettra de prévenir des surdoses et de sauver des vies.
La crise des surdoses d’opioïdes est l’une des plus graves crises de santé publique de l’histoire récente du Canada. Le nombre de surdoses et de décès causés par les opioïdes, dont le fentanyl, a augmenté considérablement et est toujours en hausse partout au pays. Selon l’Infobase de la santé publique du gouvernement du Canada, 547 décès apparemment liés à la consommation d’opioïdes sont survenus au Québec en 2020. Il s’agit d’un écart majeur par rapport à 2019 (414 décès) et 2018 (208 décès).
« Pour nous, c'est une très bonne nouvelle. Nous l'attendions depuis longtemps », a dit la coordonnatrice générale de l'Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues (AQPSUD), Chantal Montmorency. « Nous espérions que la Santé publique progresserait plus rapidement à cet égard, car nous réclamons ce type de technologie depuis un certain temps », a t elle ajouté. « Les utilisateurs de drogues ont le droit de savoir ce qu'ils consomment ».
La crise des surdoses d'opioïdes au Canada n’a cessé de s’aggraver depuis le début de la pandémie de Covid-19. Mme Montmorency a expliqué au Bulletin d'Aylmer qu’au Québec, la situation s’est détériorée encore davantage avec l’imposition du couvre-feu qui, selon elle, a causé un préjudice important aux utilisateurs de drogues en les empêchant d’avoir accès aux services de consommation supervisée pendant de longues heures. Ceux-ci étaient forcés de consommer seuls à la maison, d’où le risque accru de surdose.
Mme Montmorency a également rappelé que la possession de drogue est toujours criminalisée, et les personnes en faisant l'usage sont plus que jamais stigmatisées. Elle estime que la décriminalisation, non seulement pour les consommateurs de drogues, mais aussi pour les revendeurs, pourrait améliorer la situation. L’élimination des sources d’approvisionnement des toxicomanes n’est pas la solution et peut même être dangereux pour ceux ci, car certains sevrages présentent des risques pour la santé et nécessitent un encadrement médical.
Les technologies de vérification des drogues seront utilisées dans les sites et services de consommation supervisée pour permettre aux utilisateurs de drogues de prendre des décisions éclairées sur leur consommation en fonction de la composition du stupéfiant.
Pour obtenir de l’aide concernant l’abus de substances et la dépendance, que ce soit pour vous-même, un ami ou un proche, consulter le www.drogue-aidereference.qc.ca ou communiquer avec l’organisme Drogues : aide et référence au 1-800-265-2626. Ce service est entièrement gratuit, confidentiel et accessible 24 heures par jour, 7 jours sur 7, partout au Québec.
Trad. : MET