Nouveaux crédits compensatoires pour le carbone forestier
Sophie Demers
Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charrette, a annoncé l’établissement de nouveaux protocoles qui permettront la vente de crédits de carbone forestier à la bourse du carbone. Cette initiative permettra dorénavant aux producteurs forestiers du Québec de vendre des crédits compensatoires issus de certains travaux de boisement et reboisement aux entreprises désirant compenser leurs émissions.
« Les propriétaires forestiers attendaient depuis longtemps cette opportunité d’accéder au marché du carbone afin de financer la mise en valeur de leurs boisés et ainsi poursuivre la séquestration du carbone », a déclaré le président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ), Pierre-Maurice Gagnon. « Ce geste de reconnaissance officialise le rôle déterminant que peuvent jouer les propriétaires forestiers dans la lutte contre les changements climatiques ».
Les forêts privées représentent 16 % des forêts productives du Québec. Au fil du temps, des dizaines de milliers de propriétaires forestiers québécois ont réalisé des travaux sylvicoles pour accroître la productivité de leurs boisés. La saine gestion de ce patrimoine forestier au cours des 50 dernières années a permis d’accroître de 6,8 % le couvert forestier et de 44 % les volumes de bois sur pied dans les forêts privées. Selon Ressources naturelles Canada, les terres forestières aménagées pour la production de bois d'œuvre, et les émissions provenant des produits fabriqués à partir de bois récolté sur ces terres, ont constitué un puits continu de carbone, absorbant huit tonnes métriques de CO2 de l'atmosphère en 2018. L'utilisation de produits du bois plutôt que des matériaux qui génèrent beaucoup d’émissions, comme le béton et l’acier, peut contribuer à atténuer l’impact des changements climatiques.
Rappelons que le volet des crédits compensatoires du marché du carbone offre la possibilité à des entreprises de réaliser des projets de réduction d’émissions de GES dans des secteurs qui ne sont pas visés par le système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre (SPEDE), ou encore des projets qui permettent de retirer des GES de l’atmosphère et d’obtenir des crédits compensatoires de la part du gouvernement. Ces entreprises peuvent ensuite les vendre aux émetteurs assujettis afin que ceux ci les utilisent pour respecter les obligations de couverture de leurs émissions de GES et, ainsi, réduire leur coût de conformité.
Trad. : MET