« Nous n’allons pas être de simples spectateurs passifs dans ce dossier là » - M. Otis
Des inquiétudes se manifestent concernant le 22, rue Principale
Après que des détails concernant le projet du 22, rue Principale ont fait surface, des acteurs du Vieux-Aylmer ont commencé à se mobiliser.
« Nous demandons un débat transparent sur ce projet. Nous voulons faire un débat constructif et appuyer le développement immobilier qui est respectueux de l’identité patrimoniale du secteur, mais pour cela il faut la plus grande transparence possible dans le processus décisionnel. Donc, nous demandons, conformément à ce que la loi sur l’urbanisme prévoie, une consultation publique spéciale sur ce projet compte tenu des enjeux », a précisé Ghislain Otis, porte-parole d’un collectif d’acteurs du Carré patrimonial du Vieux-Aylmer et professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa.
Effectivement, selon l’article 145.18 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, « le conseil peut décréter que les plans produits soient soumis à une consultation […].»
Dans l’édition du Bulletin d’Aylmer du 15 juin 2016, le promoteur du projet au 22, rue Principale, Denis Cléroux, dévoilait que le bâtiment projeté serait de quatre étages et comprendrait entre 15 à 18 unités de condos et potentiellement un commerce au rez-de-chaussée. Les plans de construction ne sont pas encore publics, mais le promoteur les présentera au Comité consultatif d’urbanisme (CCU) sous peu. M. Cléroux a également dit qu’il préparait une rencontre avec les résidents et que celle-ci serait organisée par Stefan Psenak, l’ancien conseiller municipal du district d’Aylmer (1).
« L’ampleur du projet annoncé nous inquiète beaucoup. Nous estimons que si les détails sont confirmés, ça viendra déstructurer le cadre patrimonial architectural villageois de la rue Principale », a indiqué M. Otis du collectif d’acteurs du Vieux-Aylmer qui est d’ailleurs épaulé par l’Association du patrimoine d’Aylmer (APA) et le Musée de l'auberge Symmes.
Comme stipulé par Roger Blanchette, membre du conseil d’administration du Musée de l’Auberge Symmes, le 22, rue Principale est situé à l’intérieur de l’aire de protection de 152 mètres dont bénéficie le Musée de l’Auberge Symmes, classé immeuble patrimonial.
Les trois groupes précisent qu’ils ne sont pas contre un projet sur ce terrain vague depuis près de 30 ans et actuellement utilisé comme stationnement, mais ils veulent que le futur bâtiment s’intègre de façon harmonieuse dans le quartier.
« Il y a eu quelques erreurs commises sur la rue Principale, mais nous ne voulons pas les multiplier, ces erreurs », a noté Micheline Lemieux, présidente de l’APA.
« Il y a un remarquable potentiel pour un excellent projet. Un bel édifice qui rend justice au caractère exceptionnel du carré patrimonial, qui respecte par son style, son volume, et son cadre paysager, est le bienvenu, on ne peut que se réjouir d’une telle approche!
Par contre, nous ne sommes pas certains que le projet tel qu’il est présenté ne respecte les critères de l’intégration patrimoniale harmonieuse. »
Docteur en droit, M. Otis précise qu’il y a deux types de règlements municipaux qu’un promoteur immobilier doit respecter dans le carré patrimonial.
« Il y a les normes techniques de base, le zonage, la hauteur, l’usage, etc. Ça, c’est le normatif de base, mais il y a également une réglementation très spéciale qui sert a protéger le patrimoine et qui impose des normes d’intégration architecturale harmonieuse avec le milieu. Nous croyons qu’avec les éléments de base que nous avons, nous posons la question de la conformité de ce projet-ci à la réglementation municipale sur l’intégration architecturale. Il est extrêmement important de comprendre que même si techniquement un projet respecte le règlement de zonage, ceci n’est pas suffisant car il faut en plus qu’il respecte les normes d’intégration architecturale. La réglementation donne le pouvoir décisionnel uniquement au conseil municipal sur l’avis du CCU. Le conseil municipal est parfaitement autorisé par la loi et la jurisprudence à exiger qu’un promoteur ramène à des dimensions plus correctes, plus modestes un projet, même si techniquement ce projet respecte les normes du zonage », note M. Otis. « Si nous voulons construire une tour à condos, qu’on aille la construire dans les boulevards de banlieue, ça va mieux s’intégrer dans ces milieux là. Une tour à condos sur la rue Principale c’est une injure à l’héritage de cet endroit et aux efforts collectifs qui sont déployés pour embellir l’endroit. »