LETTER
LETTRE
Lettre ouverte aux Québec Solidaire
J’aimerais porter à votre attention quelques informations qui pourraient vous être utiles, lorsque le parti prendra éventuellement le pouvoir, ainsi que lors d’un éventuel troisième référendum sur la question de l’indépendance.
Comme vous le savez, l’option indépendantiste a été ajoutée au programme de Québec solidaire quelques années après sa création, afin de profiter du virage raté par le Parti québécois dans le dossier identitaire, la question de l’immigration, celle de la laïcité, sans parler de la lente descente aux enfers de cet important parti politique fondé par René Lévesque dans les années 60.
M. Nadeau Dubois et Mme Massé, je dois vous dire que je crains beaucoup que le dossier indépendantiste ne nuise au parti, dans sa quête légitime du pouvoir. Les temps ont changé et l’heure ne me semble plus au nationaliste ethnique, centré sur les Canadiens français et leur lutte pour la survivance depuis la Conquête. Le nationalisme québécois doit se moderniser et se mettre au goût du jour en s’ouvrant au monde et en se tournant vers la francophonie mondiale, l’inclusion des personnes différentes, incluant les immigrants, et l’acceptation des réalités scientifiques. Les grandes tendances actuelles montrent le besoin d’agir sur une base mondiale pour régler des problèmes qui n’existent plus en silo, comme auparavant, que ce soit la pandémie, les changements climatiques, la désertification, les inégalités économiques, les injustices sociales, la militarisation excessive, l’augmentation des dettes gouvernementales, corporatives, familiales et individuelles, etc. Les problèmes, de plus en plus, sont globaux et appellent des solutions globales, concertées, coopératives, mondiales, si bien qu’il n’est pas exclu qu’un jour, les pays du monde actuel finissent par accepter de s’assembler pour former un véritable gouvernement mondial, composés d’unités nationales (pays) en guise d’unités administratives (provinces).
Je pense qu’il y a une solution toute simple pour ménager l’épineux dossier de l’indépendance du Québec. Je propose donc, au lieu de créer deux pays à partir d’un seul, avec tout le remue-ménage que cela peut amener et les risques de ressac, de sanctions économiques, de représailles commerciales, voire même (à l’extrême) de guerre civile. Cela implique d’éliminer les postes obsolètes de gouverneur-général et de lieutenant-gouverneurs, plus le sénat, d’implanter une république canadienne, flanquée d’une république autonome du Québec, avec des pouvoirs accrus, supérieurs à ceux des neuf autres provinces actuelles. En fait, le gouvernement québécois aurait essentiellement tous les pouvoirs du gouvernement fédéral, sauf ceux qui sont identifiés à la souveraineté classique, soit la défense nationale (armée) et la représentation étrangère (ambassades). Nous pourrions en profiter pour renipper toute la structure politique de ce pays, en introduisant des districts linguistiques pour les minorités linguistiques (au Québec et hors-Québec), en bonifiant les pouvoirs des conseils de bandes et en agrandissant le territoire des réserves autochtones, en créant un district autonome pour la capitale (Ottawa-Gatineau) et en encourageant les minorités immigrantes des provinces canadiennes à exiger des pouvoir accrus dans les grands centres urbains. Cette approche aurait aussi l’avantage de recréer une grande alliance entre autochtones et Canadiens français (la plus importante minorité ethnique de ce pays nordique et souvent dans l’ombre de son remuant voisin), à l’image des traités et alliances que nos ancêtres avaient conclus il y a plus d’un quart de millénaire, à l’époque glorieuse de la Nouvelle-France. Le Canada ainsi renouvelé, rajeuni et retapé serait alors en position d’affronter au moins un nouveau siècle d’existence, jusqu’au prochain rebondissement de la question nationale…
Charles Millar
Gatineau (Aylmer)