Les joueurs de tennis victimes de la chaleur
La chaleur retient de plus en plus l’attention dans les tournois de tennis. Après de nombreux abandons en cas de canicule, c’est un facteur important dans un match. Heureusement pour les joueurs, les organisateurs de certains tournois du Grand Chelem ont modifié le système de pointage pour rendre les parties plus courtes. Même s’ils sont préparés à ces conditions, les joueurs comme Patrick Gilbert, qui a gagné plusieurs tournois dans sa jeunesse, se sentent plus lourds sur le terrain.
«Pendant le match, tu ne t’en rends pas compte, tu le sens quand tu es déshydraté. Quand tu joues beaucoup, tu sues beaucoup, donc tu perds beaucoup d’eau. Quand tu commences à sentir ça, tu as la tête plus légère et tu es plus étourdi.»
La chaleur affecte surtout le côté psychologique des joueurs comme l’ont vécu Patrick et Miteau Butskhrikidze, un passionné de tennis.
«Tu te fatigues plus tôt, affirme Miteau. Tu ressens aussi de la fatigue mentale, ce qui fait que tu veux finir les points plus tôt et ça mène à des échecs.»
«Tu dépenses beaucoup d’énergie juste à rester concentré, ajoute Patrick. Il ne faut pas que tu aies des mouvements qui sont mous, car il faut que tu frappes fort. Tes déplacements sont compromis, car tu essaies de prendre des raccourcis pour te rendre à la balle, mais ce n’est pas nécessairement la bonne chose à faire.»
Michel Abrogoua est un ancien joueur du top 50 de l’ATP. Il a joué sur le circuit de 1970-1978 et il était le meilleur joueur de la Côte d’Ivoire. Pour lui, sa santé est plus importante que le match.
«J’ai arrêté un match, même si je gagnais. J’arrête parce que c’est pour ma santé. Il faut que j’arrête, si je continue, il fait trop chaud. J’ai été transporté à l’hôpital. Il faisait très chaud en Côte d’Ivoire. C’était la demi-finale. Je suis tombé et je me suis retrouvé à l’hôpital, suffoqué.»
Martin Poirier travaille à l’unité de recherche de l’université d’Ottawa en physiologie humaine et environnementale. Ses recherches visent à comprendre les effets des évènements de température extrêmes comme les vagues de chaleur sur la santé et la performance. Après quelques tests, il a réalisé, comme Miteau et Patrick, que les hautes températures affectent le jeu mental.
«Quand on a chaud, on devient irritable, nos décisions sont moins bonnes, notre exécution est moins bonne et notre côté cognitif est moins bon.»
Étant donné que le Canada n’est pas un pays chaud, ce serait idéal de s’acclimater aux températures des pays du Sud.
«Moi j’irais deux semaines avant, me pratiquer dans cet environnement et m’y adapter pour être à mon meilleur lors de la compétition», poursuit M.Poirier
Des longs matchs
Dans les tournois du Grand Chelem, les hommes doivent disputer un 3 de 5 au lieu d’un 2 de 3 comme dans toutes les autres compétitions. En ajoutant le fait qu’il n’y a pas toujours de bris d’égalité à la dernière manche, cela a donné lieu à des duels presque interminables. On pense tout de suite au match entre Nicolas Mahut et John Isner qui a duré 11h5min à Wimbledon en 2010.
«Ils sont allés jusqu’à 28 quelque chose, là c’est ridicule. Moi personnellement, j’aimerais plutôt que tous les matchs finissent en tiebreak au 5eset pour départager les gens et libérer les joueurs. Mais eux ils veulent du spectacle et de l’argent, alors si l’argent l’emporte, les autres c’est des chevaux, il faut qu’ils continuent de rouler.»
Le comité de Wimbledon a compris le message. Dans le prochain tournoi, il y aura un bris d’égalité si la 5e manche atteint le pointage de 12-12. En Australie, il y a un bris d’égalité à 6-6 depuis cette année. Le US Open en a un depuis longtemps. Seulement Roland-Garros n’adopte pas cette règle. Malgré ces avancées, le temps et la chaleur demeurent des facteurs dérangeants pour les joueurs.
Dans la prochaine édition, vous en apprendrez davantage sur la différence de performance entre les hommes et les femmes au tennis.