Le ministre Barrette a beau jeu : ici, les députés sont tous des libéraux!
Les coupures dans la santé font grogner les syndicats
Laurent Robillard-Cardinal
La mise sous tutelle du CSSS de Gatineau (CSSSG) suscite la grogne des syndicats touchés. « Le CSSSG a fait des coupures de 18 millions $ mais le gouvernement a dit que ce n’était pas suffisant et a exigé des coupures de 25% supplémentaires (pour atteindre l’équilibre budgétaire l’an prochain). Depuis une douzaine d’années, le gouvernement demande aux professionnels de la santé de faire plus avec moins. Les employés sont épuisés et on leur demande d’en faire plus », dit Christian Meilleur, vice-président local de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS). « Est-ce que l’imposition d’une nouvelle administration est un avant-goût d’une dictature ministérielle que le ministre Barrette veut établir, sous le projet de loi 10, pour les CSSS du Québec? », demande M. Meilleur.
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), qui représente environ 1 000 employés du CSSSG, s’inquiète aussi des conséquences de cette tutelle. « Les services à la population ne peut être maintenue si le ministre Barrette va de l’avant avec des coupures additionnelles », dit l’APTS, « Le CSSSG éprouve des difficultés à cause d’un sous-financement chronique, en plus des coupures de 8 millions $ en septembre dernier », dit André P. Gaudreau, président local de l’APTS. « Déjà, on ne remplace pas ceux qui s’absentent. Plus de coupures au niveau des employés se traduira en une charge de travail impossible à réaliser. Nos membres refusent de faire de tels compromis au niveau des services publics. »
« Chaque année », ajoute M. Meilleur, « Québec rembourse environ 125 millions $ à l’Ontario. C’est beaucoup d’argent. Le gouvernement veut qu’on coupe des millions pour équilibrer le budget de l’an prochain mais cela aura un impact sur nos services et encouragera les résidents à se rendre en Ontario pour obtenir des soins de santé et du coup cela augmentera les remboursements de Québec. Il en coûtera encore plus à Québec. » Le Conseil central des syndicats nationaux (CSN) et la FSSS dénoncent aussi le sous-financement dans la région et proposent l’étalement des coupures exigées par Québec.
Selon l’ATPS, les déficits budgétaires se sont suivis sans qu’on résoude le problème des allocations, établies en fonction du financement antérieur. « Dans son projet de loi 20, le ministre stipule que les établissements de santé seront financés en fonction de leur volume d’activités. Alors, pourquoi ne pas laisser cette formule faire son travail? », demande l’APTS.
Michel Quijada, président du chapitre local de la CSN, est d’avis que cette tutelle se produit ici uniquement à cause de l’histoire d’amour qu’entretient la région avec le parti libéral du Québec. « Le ministre Barrette est sûr qu’il n’y aura pas d’objection ici puisque tous les députés de la région sont des libéraux », dit M. Quijada, « Barrette veut faire du CSSSG un exemple pour le reste de la province. Ici, personne ne grognera, sauf les syndicats », ajoute M. Meilleur, « Une mise sous tutelle peut engendrer des coupures drastiques sans évaluer l’impact sur les services de santé. » (Trad.: CB)