Le Service des travaux publics présente les plus récentes données d’analyse sur la présence de plomb dans l’eau potable à Gatineau
Sonia Roy
C’est la question qui était au cœur des discussions du comité plénier du conseil municipal cette semaine. Lors d’une analyse organisée par le comité exécutif et expliquée par M. Yvon Desjardins, directeur du Service des travaux publics de Gatineau, le 21 juin dernier, les plus récents résultats en ce qui a trait à la quantité du plomb dans l’eau potable de la ville et des pistes de solution ont été présentés. Accompagné de M. Nicolas Grignon-Lemieux, responsable de l’optimisation et la planification des opérations d’aqueducs et de drainage de surface et M. Marc-André Venne, chef de division pour les opérations d’aqueducs et de drainage de surface, M. Desjardins a rappelé la dernière modification du Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP) du gouvernement du Québec, qui date du 25 mars 2021. Cette modification prévoit l’abaissement de la norme de plomb dans l’eau (anciennement de 0.010 mg de plomb/L d’eau, maintenant de 0.005 mg de plomb/L d’eau), en plus de modifications quant aux méthodes d'échantillonnage utilisées. L'amendement au règlement en question rend également obligatoire la production d’un plan d’action afin de remédier à la présence de plomb dans l’eau potable des diverses municipalités québécoises. Le consensus de cette présentation, qui a soulevé plusieurs discussions au sein du conseil est le suivant : bien qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer concernant la présence minime de plomb dans l’eau potable des districts de Gatineau, il est important pour le gouvernement du Québec d’encadrer et d’encourager le remplacement de la tuyauterie contenant du plomb et ce, à la grandeur du territoire.
Du plomb dans l’eau potable, vraiment?
Bien que la Ville de Gatineau ne recense aucune conduite maîtresse en plomb desservant ses installations, il y aurait présentement 20 100 bâtiments à Gatineau susceptibles de posséder de la tuyauterie contenant du plomb. L’utilisation du plomb dans la construction de tuyauterie, qui est interdite au Québec depuis 1980, était une pratique courante entre les années 1940 à 1970, surtout pour la tuyauterie de petite taille. Ainsi, les bâtiments concernés sont en grande partie des résidences privées, dont le remplacement de conduites ou de tuyaux se fait sur une base citoyenne volontaire. Bien que l'eau potable de Gatineau soit parfaitement sécuritaire à la consommation selon les autorités sanitaires, une exposition au plomb à long terme peut s’avérer dangereuse pour tous, mais plus particulièrement pour les femmes enceintes et les enfants.
Des résultats à la hausse, une participation citoyenne à la baisse
La participation citoyenne à la baisse est certainement la difficulté première soulevée lors de la présentation du 21 juin dernier. Une comparaison entre les années 2013-2019 et les années 2020-2021 démontre que pour 15 échantillons hors-norme sur un total de 187 échantillons effectués dans les deux dernières années, il n’y a aucune des 15 adresses concernées qui ont choisi de remplacer leur conduite d’eau, contre 15 remplacements de conduite entre 2013 et 2019, pour 72 échantillons hors-norme. Les échantillons visant à évaluer la présence de plomb dans l’eau potable de 2013-2019 se sont révélés anormaux dans 7,2% des cas, contre 8% des cas en 2020-2021. Les données présentées par la Ville de Gatineau démontrent également que le refus d’accès à la propriété des citoyens est à la hausse (166 refus de collaboration en 2020 contre 226 refus de collaboration en 2021). Notons que légalement, les citoyens et citoyennes qui possèdent des entrées d’eau en plomb n’ont aucune obligation de procéder à des travaux de remplacement.
Les pistes de solution proposées
La première difficulté soulevée par cette présentation est que les frais de main d'œuvre et des opérations liées à l'échantillonnage (qui est maintenant plus long suite à l’addendum du RQEP), s’élèvent au fil du temps, sans réel changement. Ensuite, le coût variable d’un changement de conduite d’eau (pour lequel les citoyens doivent engager un sous-contractant privé) combiné à la hausse des refus de collaboration oblige la Ville à revoir sa procédure. Ainsi, deux propositions de règlements, soit une encadrant l’accessibilité des propriétés privées pour la tenue de tests d’eau et une encadrant les délais accordés pour modifier une entrée d’eau au plomb, sont présentement examinées par le conseil municipal. Quatre scénarios d’aide financière, dont la fonction serait d’offrir une assistance monétaire aux résidents qui accepteraient de changer leur tuyauterie problématique, ont été proposés au comité plénier. Du côté de ce dernier, les avis sont partagés. Nombreux sont les conseillers et conseillères (M. Steve Moran, M. Louis Sabourin, M. Jocelyn Blondin) ayant mentionné leur inconfort à l’idée de potentiellement imposer le changement d’une entrée d’eau qui contient du plomb aux citoyens dans un délai de 36 mois. La demande pour un plan détaillé des districts à risque d’avoir des entrées d’eau privées contenant du plomb et pour plus d’information quant aux effets des recommandations sur les citoyens et citoyennes a été faite au Service des travaux publics. Le comité plénier devrait revenir sur la question au prochain conseil municipal, qui se tiendra le 28 juin 2022.
Légende photo: M. Yvon Desjardins, directeur du Service des travaux publics de Gatineau
Crédit photo: gracieuseté de la Ville de Gatineau