Dossier du 22, rue Principale

Le promoteur demande une dérogation pour bâtir plus haut; le conseil reporte le vote

Sophie Demers

 

Lors de la réunion du caucus préparatoire et de la séance du conseil municipal, toutes deux tenues le 12 avril, les membres du conseil ont exprimé des opinions divergentes à l’égard d’un point figurant à l’ordre du jour, soit la construction d'une habitation multifamiliale comportant 48 logements au 19-21, rue du Patrimoine. Steven Boivin, conseiller du district d'Aylmer, a choisi de demander le retrait de l’item pour permettre la tenue de consultations additionnelles avec les associations, les résidents du secteur et le promoteur immobilier.

M. Boivin a indiqué que le promoteur entend collaborer avec les résidents et les diverses associations afin de trouver des compromis satisfaisants pour toutes les parties concernées.

« Je partage bon nombre des préoccupations soulevées à l’égard du projet. Il est important de préserver le patrimoine du Vieux-Aylmer. Je réalise que ce n'est pas un projet parfait », a dit M. Boivin, en précisant qu'il avait l’intention de voter en faveur du projet avant de décider de reporter le vote.

Le promoteur est également propriétaire de l’immeuble situé au 22, rue Principale, dont le projet de construction avait également suscité une vive controverse en 2018. C’est d’ailleurs ce dossier qui avait incité Audrey Bureau, l’ancienne conseillère du district d'Aylmer, à proposer la création d’un Plan particulier d’urbanisme (PPU) pour le Vieux-Aylmer.

Plusieurs élus déplorent le fait que le PPU du Vieux-Aylmer ne soit toujours pas adopté. Son entrée en vigueur, initialement prévue à l'hiver 2022, a été reportée à 2023. Celui-ci permettra de réaliser une planification détaillée spécifique et d’établir des mécanismes en réponse aux enjeux sociaux, économiques et territoriaux propres au Vieux-Aylmer. Mme Bureau avait indiqué que le PPU sera utilisé pour modérer le développement dans le secteur, notamment en ce qui concerne les limites de hauteur des bâtiments et la densification, afin de ne pas altérer l’identité patrimoniale du quartier.

En mars 2021, la Ville a adopté un changement de zonage pour limiter à trois étages la hauteur maximale des bâtiments dorénavant construits dans le Vieux-Aylmer. En décembre de la même année, le promoteur du 19-21, rue du Patrimoine a soumis une proposition pour la construction d’un immeuble à condos de cinq étages, qui représenterait en fait la deuxième phase du projet L’Ambiance.

M. Boivin s’est efforcé de trouver des solutions satisfaisantes tant pour le promoteur du projet que pour les résidents. Le 7 février, le conseiller a organisé une séance de consultation publique avec les résidents d'Aylmer et le promoteur du projet. À l’issue de la séance, le promoteur a modifié sa proposition pour un immeuble de quatre étages au lieu de cinq.

Certains opposants estiment que la construction d'un immeuble au design moderne à cet endroit aura pour effet de dévaloriser le paysage bâti environnant, ne cadrant aucunement avec le caractère patrimonial du Vieux-Aylmer. D'autres sont plutôt d’avis qu’en raison de la présence de deux autres bâtiments de quatre étages à proximité de l’emplacement du projet, le nouvel immeuble ne saurait transformer de façon radicale le paysage du secteur.

« En tant que membres du conseil municipal, je crois qu’il nous incombe d'éviter de prendre des décisions susceptibles d’avoir une incidence négative sur le charme du Vieux-Aylmer et sur les résidents du district. C'est important non seulement pour Aylmer, mais pour l’ensemble des secteurs de Gatineau », a déclaré Daniel Champagne, conseiller du district du Versant, lors du caucus préparatoire. « Je reconnais les enjeux en matière de logement à Aylmer et le fait que le projet répondrait à certains de ces besoins. Cependant, quand on regarde les données démographiques, il y a d'autres endroits dans le secteur qui pourraient convenir à ce développement. Nous devons protéger farouchement le Vieux-Aylmer, un bijou pour la ville de Gatineau. Il faut éviter la lente invasion de la modernité qui menace l’identité patrimoniale du quartier ».

D'autres membres du conseil, comme Anik Des Marais, conseillère du district de Mitigomijokan, et Olive Kamanyana, conseillère du district du Carrefour-de-l'Hôpital, ont abondé dans le même sens.

« Nous avons un plan de développement qui limite les nouveaux bâtiments à trois étages. Je ne vois pas en quoi passer de cinq à quatre étages est un compromis. Nous avons des règlements en place pour une raison, et ils sont approuvés par les citoyens », a déclaré Mme Des Marais.

Le projet est appuyé par le Service de l'urbanisme et du développement durable de la Ville de Gatineau. Mike Duggan, conseiller du district de Pointe-Gatineau, et Jocelyn Blondin, conseiller du district du Manoir-des-Trembles–Val-Tétreau, se sont également prononcés en faveur du projet.

Trad. : MET