180 jours pour rétablir l’équilibre budgétaire du CSSSG
Le député de Pontiac-Aylmer appui la mise sous tutelle des hôpitaux
Laurent Robillard-Cardinal
Le ministre libéral de la Santé, Gaétan Barrette, dit en avoir assez des déficits du CSSS de Gatineau (CSSSG). Le 13 janvier, le ministre suspendait les pouvoir du conseil d’administration actuel et mettait en place un conseil provisoire pour une période de 180 jours. Le MAN de Pontiac-Aylmer, André Fortin, a accueilli favorablement ce geste controversé.
« Je pense que c’est une bonne nouvelle. Les patients ont le droit de s’attendre à des services de qualité et, en tant que contribuables, ils ont aussi le droit de s’attendre à une bonne gestion des fonds qu’ils fournissent au gouvernement pour ces services », déclarait M. Fortin au Bulletin, « La tutelle du CSSSG, qui vise à rétablir la santé financière de son administration avant toute fusion avec d’autres CSSS, est à l’avantage tant des contribuables que des usagers. Nous avons commandé une étude non gouvernementale indépendante qui indique que des économies de 24 millions $ (sur trois ans) peuvent être réalisées sans nuire aux services offerts aux usagers. Il aurait été irresponsable de mettre ce rapport sur une tablette et de ne pas appliquer certaines mesures recommandées. »
Après la dissolution de l’ancienne administration, le ministre de la Santé a nommé Jean Hébert, le directeur générale de l’Agence de la santé de l’Outaouais, à la tête du CSSSG; ce dernier a donc comme mission de rétablir la situation financière du CSSSG – en six mois. « Je suis content que l’individu qui prendra les rennes du CSSSG est quelqu’un qui connaît le réseau de la santé en Outaouais. Il est d’Aylmer et il connaît les besoins des gens d’ici », dit M. Fortin.
Après avoir annoncé que le déficit du CSSSG atteindra 5,6 millions $ en 2015 plutôt que les 4 millions $ prévus, le ministre Barrette a indiqué que le déficit du CSSSG est un problème chronique récurrent. Les syndicats sont d’avis qu’il s’agit d’une décision dictatoriale, mais M. Fortin croit que le ministre de la Santé n’avait d’autre choix que de mettre fin à cette situation. « Le CSSSG avait dit avoir un plan pour son déficit mais tout ce que nous avons pu constater fut une augmentation du déficit. C’est une situation alarmante puisque le CSSSG avait un plan qu’il n’a donc pas mis à exécution », poursuit M. Fortin.
On a donc demandé à l’ancienne administration de se retirer pour une période de 180 jours parce qu’elle fut incapable de rencontrer les exigences du ministère qui lui demandait de réduire ses dépenses et d’équilibrer son budget. Les syndicats trouvent ironique que le ministère demande au CSSSG de couper des millions alors qu’il paie environ 125 millions $ par année au gouvernement de l’Ontario en remboursement de frais de santé. Les syndicats sont d’avis que Québec économi-serait beaucoup plus d’argent s’il investissait dans l’amélioration de ses propres services de santé au lieu de couper dans des services et encou-rager les résidents à traverser vers l’Ontario pour obtenir des soins.
« Il y aura toujours des services que nous devrond aller chercher en Ontario. Il y a des services spécialisés que nous n’offrons pas ici et Québec dépensera toujours pour rembourser certain services que ses résidents sont forcés d’obtenir en Ontario. De plus, pour notre région, Ottawa est plus accessible que Montréal », ajoute M. Fortin, « Nous arrivons quand même à réduire le nombre de résidents qui se rendent en Ontario pour des soins de santé. Notre investissement dans la nouvelle Maison des naissances en Outaouais en est un exemple. Il reste que certains services doivent être rapatriés et demeurent pour nous une priorité. »
Outaouais un exemple?
À part les syndicats, l’opposition au plan du Dr Barrette semble limitée. Aucun député n’a fait connaître son désaccord sur la suspension temporaire de l’administration du CSSSG. Tous les députés de la région sont des libéraux, tout comme le ministre lui-même, et il est possible que, de ce fait, le ministre a justement choisi l’Outaouais pour son geste controversé. Selon M. Fortin, tel n’est pas le cas.
Le ministre a indiqué que la nouvelle administration implantera les mesures contenues dans le rapport pour rétablir l’équilibre budgétaire. Selon le ministre et M. Fortin, il est possible de couper dans les dépenses sans impact sur les services aux patients. « À titre d’exemple », dit M. Fortin, « certains services sont moins achalandés pendant la période des vacances mais il maintiennent les mêmes effectifs. Une bonne gestion diminuerait ses effectifs pendant les périodes moins achalandées et les augmenterait pendant les périodes plus occupées. »
On n’a pas indiqué quelles seront les mesures qui permettront de redresser les livres du CSSSG, mais les gens de l’Outaouais devraient avoir une meilleure idée de ces changements d’icile mois de juin. Aylmer pour sa part a bien à l’œil ses services de jour. (Trad.: CB)