La Ville surveille toujours l’ancien site d’enfouissement Cook
Laurent Robillard-Cardinal
Le Comité exécutif de Gatineau a octroyé, le 25 mars, un contrat à Biothermica Technologies Inc. pour l’éva-luation des émissions de biogaz aux anciens sites d’enfouissement du chemin Cook à Aylmer et de La Baie à Pointe-Gatineau. Le contrat est pour une durée de trois ans avec possibilité de renouvellement.
Au coût de 35 100$, le contrat qui comporte deux parties est le renouvellement d’un service déjà en place affecté à la surveillance des biogaz à l’ancien site du chemin Cook, en particulier la migration de ceux-ci.
Bien que le site d’enfouissement Cook ait fermé il y a déjà plusieurs années, comme l’explique Roberto M. Narbaitz, professeur d’ingénierie à l’Université d’Ottawa, il demeure actif. « Toutes sortes de déchets sont enfouis dans ces sites dont une bonne partie sont des déchets de table et de jardin qui sont biodégradables. Les sites ont des bactéries qui décomposent les matières organiques et produisent du CO2 et du méthane. Le gaz est produit sur une longue période. Certains sites d’enfouissement peuvent mettre 50 ans pour s’assainir », dit M. Narbaitz.
« Le danger possible est la migration des gaz à l’extérieur du site; ils sont composés d’environ 50% de méthane et 50% de CO2. Comme le méthane est plus lourd que l’air, il reste dans le sol et s’échappe par celui-ci à l’extérieur du site, qui est comme une machine à produire du méthane. Un bâtiment qui atteint 5 à 15% de méthane court un danger d’explosion. Il y a 30 ou 40 ans, certains bâtiments de fermes ont ainsi explosés », ajoute m. Narbaitz.
Comme le méthane est un gaz naturel, il est inflammable. Il est donc important de maintenir ce gaz à l’intérieur du site pour éviter qu’il ne se répande.
Gatineau utilise un système qui collecte le gaz et le brûle au moyen d’une torche à gaz. M. Narbaitz a visité le site Cook il y a environ six ans. « Cela vaut la peine de maintenir ce système en opération pour avoir l’esprit en paix, question de respon-sabilité », dit-il, « La Ville a un beau système de pompes à air de telle sorte qu’il n’y a pas de risque d’explosion au site lui-même. Ils ont fait du bon travail. »
La Ville pourrait brûler les gaz pour produire de l’électricité comme le font certains sites d’enfouissement régionaux, mais, comme l’explique M. Narbaitz, le coût financier est élevé. « Il n’est probablement plus viable financièrement comme le site (fermé depuis longtemps) a déjà perdu une bonne partie de ses gaz. » La Ville surveille aussi les entrées et sorties d’eau dans le site.
Migration de l’eau
Comme les résidents d’Aylmer-Nord peuvent se le rappeler, le site d’enfouissement Cook a été la source de nombreux maux de tête au cours des années 1990. Selon les estimations de l’environnemen-taliste Ian Huggett en 2002, le site d’enfouissement du chemin Cook aurait contaminé plusieurs puits des maisons environnantes. La situation avait forcé plusieurs résidents d’Aylmer-Nord à se raccorder aux services d’eau et d’égouts de la ville.
Aujourd’hui, en théorie, les eaux de pluies ne peuvent pas entrer dans le site d’enfouissement puisqu’on a munie la surface d’une couche imperméable, toutefois, le sable en dessous est perméable. L’eau qui réussit à s’infiltrer dans le site peut être contaminée pas de vieux déchets. « Dans les années 1990, la Ville a crusé plusieurs puits alignés pour pomper l’eau pour ensuite la traiter à une usine à proximité », explique M. Narbaitz. Il est d’avis que, pour des raisons environnementales, ce système de contrôle est toujours nécessaire.
Le site d’enfouissement du chemin Cook est considéré comme étant le pire désastre environnemental des temps modernes en Outaouais. Si on avait eu les connaissances actuelles en la matière, la contamination des puits aurait été évitée.