Cacao de la Côte d’Ivoire
La persévérance d’une mère endeuillée d’Aylmer
Laurent Robillard-Cardinal
Nicole Dubé a finalement reçu à la mi-avril une bonne nouvelle concernant sa fille décédée, Lara Langlais.
« Après cinq ans, le gouvernement ivoirien a finalement répondu à la demande de la famille et lui a remis des documents qui indiquent que Lara a été assassinée », rapporte la mère d’Aylmer.
Elle a aussi obtenu des documents provenant d’une nouvelle investigation policière du gouvernement ivoirien indiquant que l’accusé est revenu sur sa déposition initiale, indiquant que la mort de Mme Langlais était effectivement un assassinat. Mme Dubé espère toujours obtenir les résultats de l’autopsie initiale effectuée par Ivosep en Abidjan, Côte d’Ivoire.
« Pour les enfants de Lara, c’est plus qu’une victoire, c’est le retour de leur vrai mère », confie Mme Dubé au Bulletin.
Le cauchemar de Mme Dubé a commencé en septembre 2009 quand la police ivoirienne a trouvé sa fille battue et apparemment étranglée dans son appartement de Yamoussoukro.
De manière hâtive, selon Mme Dubé, la police a conclu que l’employée d’une ONG, âgée de 41 ans, était morte des suites d’ébats sexuels violents. Ils ont rapidement arrêté un suspect. La police a ajouté que la Canadienne était une libertine qui avait plusieurs amants.
Incrédule, Mme Dubé ainsi que famille et amis de Mme Langlais se sont battus pour qu’on apporte des changements au rapport de police. La tâche ne fut pas simple.
Certains observateurs avaient associé le crime à la puissante mafia du cacao de la Côte d’Ivoire, connue sous le nom de Chocolat Chaud. Le pays de l’Afrique occidentale est le premier producteur mondial de cacao, une industrie évaluée à 3 milliards $; c’est le cacao qui avait amené Mme Langlais en Côte d’Ivoire.
Mme Langlais, qui travaillait pour Agropole, était venue dans la capitale de la Côte d’Ivoire pour aider à mettre sur pied un projet de production de cacao organique avec des fermiers locaux. Son projet de 2 millions $ n’a jamais été réalisé et des individus ont détruit les dossiers et l’ordinateur de Mme Langlais après avoir saccagé son bureau.
« On dirait bien que les meurtriers ont assassiné ma fille parce qu’elle détenait des informations importantes », dit Mme Dubé, ajoutant que la mort de sa fille est survenue trois jours avant une vérification. « Certains pays ont investi dans le projet et n’ont jamais vu de résultats », souligne la mère de Mme Langlais, « on dirait qu’il y aurait peut-être eu du détournement. »
Mme Dubé espère pouvoir le prouver grâce à un rapport de police qui a fait surface dernièrement. Le rapport dit qui le suspect initial a admis avoir battu une femme à mort et l’avoir ensuite étranglée avec un câble d’ordinateur simplement pour couvrir son crime. Il voulait donner l’impression qu’elle se serait suicidée. Le rapport ajoute que la mort de Mme Langlais n’avait aucun rapport avec ses pratiques sexuelles.
La police avait arrêté et condamné le suspect; Mme Dubé a toujours cru qu’il avait fait de faux aveux. L’individu s’est échappé de la prison lors de la crise ivoirienne de 2010-2011 après la défaite du président Gbagbo contre Alassane Ouattara.
Le changement de gouvernement avait donné à Mme Dubé un certain espoir de pouvoir récupérer plus de documents puisque des analystes avaient trouvé un lien entre la famille Gbagbo et la mafia ivoirienne. Toutefois, le chaos au sein de cette crise a brisé certains liens de communication et les documents avaient disparus. Mme Dubé n’a pas abandonné; elle a continué d’exercer des pressions auprès des autorités pour obtenir les photos, les résultats de l’autopsie de sa fille et elle a lancé une pétition dans le but de rétablir la réputation de sa fille. Enfin, elle l’emporte – le tout nouveau rapport de police indique que Mme Langlais a été assassinée.