La communauté se mobilise de nouveau pour sauver les ruines des rapides Deschênes
Sophie Demers
Devant la menace de démolition qui pèse sur les ruines de l’ancien barrage des rapides Deschênes, Lynne Rodier, candidate au doctorat Muséologie sociale et études du patrimoine régional à l’UQO et administratrice au c.a. de l’Association des résidents de Deschênes, a rédigé une lettre ouverte pour demander que les ruines des rapides Deschênes soient laissées intactes.
Dans sa lettre, Mme Rodier demande qu’une citation patrimoniale soit accordée au parc des rapides Deschênes, et que le nom « parc des rapides Deschênes » soit officiellement attribué au site par le gouvernement du Québec et la Ville de Gatineau. L’Association des résidents de Deschênes (ARD) et l’Association du patrimoine d’Aylmer font des démarches auprès de la Ville en ce sens depuis 2013.
« Ça n'a absolument aucun sens, ni financièrement, ni écologiquement, de démolir les ruines », affirme Howard Powell, président de l'ARD. « On devrait plutôt penser à protéger les espaces verts ».
M. Howard souligne que, si la sécurité est effectivement la principale préoccupation, alors il existe d'autres solutions, telles que le renforcement des berges pour éviter l'érosion et l'installation de clôtures ou de barrières.
En 2015, le ministère des Transports du Québec (MTQ) a proposé diverses solutions concernant les ruines et la sécurité des résidents, dont l'une était la démolition. Les discussions se poursuivent depuis de nombreuses années, les opinions étant divergentes quant à la sécurité et la valeur du site. La population locale est d’avis qu’en tant que propriétaire de ces terrains, le gouvernement du Québec se doit de de préserver les lieux et de prioriser l’accès public à ce joyau patrimonial.
« Le retrait des vestiges du barrage ferait non seulement disparaître une part du patrimoine du secteur, mais il comporte aussi un risque environnemental important », a déclaré Mme Rodier, lorsque contactée par le Bulletin. « L’opération entraînerait une transformation brutale du cours de la rivière, qui est déjà désignée lieu historique à cet endroit ». Mme Rodier a fait remarquer que tout danger que les ruines peuvent présenter relève de la responsabilité du MTQ, en tant que propriétaire des lieux. C'est à lui qu'il incombe de veiller à la sécurité du site.
Au fil des ans, il y a eu des noyades dans le secteur, mais la plupart de ces incidents se sont produits alors que les rapides s’étendaient sur toute la largeur de la rivière. Ces dernières années, la plupart des noyades ont eu lieu dans les rapides du côté d'Ottawa, loin des ruines.
Après la publication de la lettre de Mme Rodier, un grand nombre d’organismes, d’associations communautaires et de particuliers ont dit appuyer les efforts de préservation du patrimoine du district de Deschênes, comme Gilles Laroche, président du Musée de l'Auberge Symmes, et Michel Prévost, président de la Société d'histoire de l'Outaouais. « Qu’il s’agisse des touristes, des architectes, des photographes, des résidents ou des environnementalistes, les vestiges de l’ancien barrage sont appréciés de tous car ils font partie intégrante du paysage culturel exceptionnel des rapides Deschênes », a dit Mme Rodier. Trad. : MET
Photo : 2015 Archives Bulletin d’Aylmer, Hugh Godman