LETTER
LETTRE
L'interdiction de l'importation des armes de poing
PolySeSouvient, qui représente des survivants et les familles de victimes de violence armée, salue la décision des ministres Marco Mendicino et Mélanie Joly d'utiliser les lois du pays sur l'importation et l'exportation pour mettre fin à l'entrée des armes de poing au Canada.
Nous applaudissons la détermination et l'ingéniosité des ministres Mendicino et Joly dans le cadre des efforts du gouvernement pour freiner la croissance exponentielle du nombre d'armes de poing en mains privées au Canada, soit jusqu'à l'adoption du projet de loi C-21 de même que les règlements connexes.
Parce qu'il reste encore des réserves commerciales, y compris des stocks qui ont pu être réapprovisionnés après avoir été épuisés, et parce que la production domestique peut encore se poursuivre, l’interdiction des importations ne mettra pas fin à l'achat d'armes de poing au Canada. Toutefois, il s'agit d'une mesure importante et novatrice qui ralentira incontestablement l'expansion du marché canadien des armes de poing en attendant l’adoption du projet de loi C-21, cet automne, espérons-le.
Idéalement, l'achat de nouvelles armes de poing aurait pris fin dans les jours qui ont suivi le dépôt du projet de réglementation à cet effet, ce qui a été fait à la fin du mois de mai, le jour même où le gouvernement a présenté son projet de loi C-21. Mais l'adoption du règlement nécessitait le consentement unanime de tous les partis et, malheureusement et sans surprise, le Parti conservateur a refusé de coopérer, permettant ainsi la ruée massive sur les armes de poing que l'on observe depuis à travers le pays. Fidèle à ses actions et à ses positions passées sur les armes à feu, le Parti conservateur continue de se ranger du côté des groupes proarmes, dont certains ont publiquement encouragé, applaudi et même émis des directives sur la façon de maximiser l'achat massif récent d'armes de poing et ce, malgré le fait que l'interdiction de l'importation, de l'achat et de la vente d'armes de poing est appuyée par 8 Canadiens sur 10 (78 %). »
Combattre l’usage criminelle des armes de poing est complexe. Plusieurs prétendent que ce sont principalement les armes de poing illégales chez les gangs qui sont problématiques. En fait, le plus récent rapport de Statistique Canada montre que seulement 6 % des crimes violents avec arme à feu sont liés à une organisation criminelle ou un gang de rue. De plus, de récentes statistiques de la GRC déposées il y a quelques semaines à la Chambre des Communes montrent que le problème est loin de se limiter aux armes de poing importées illégalement: dans l'ensemble, 68 % des armes à feu saisies par les forces policières à travers le pays, incluant 40 % des armes de poing, proviennent du Canada. (Voici une compilation de divers rapports et enquêtes sur la source des armes confisquées par les forces policières canadiennes qui varient selon la juridiction.) Bien que lutter contre le trafic illégal demeure prioritaire, ce n’est pas l’objectif principal du C-21. Interdire les armes d’assaut et réduire le nombre d'armes de poing légales visent surtout à empêcher les tueries de masse (majoritairement commises à l’aide d’armes légales) ainsi que l’acquisition d’armes de poing pour des fins non-légitimes comme l’autoprotection de même que leur vol (soit une des principales sources du marché illégal, avec en moyenne 700 volées annuellement entre 2000 et 2012). Combattre le marché illégal et contrôler le marché légal ne sont pas mutuellement exclusifs: on peut - et doit - faire les deux.
Nathalie Provost, PolySeSouvient
Montréal