ÉDITORIAL
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir
Non, je n’aborderai pas une autre imposture du gouvernement Trudeau quant à sa volonté de faire sa (juste) part contre les changements climatiques. Les statistiques récentes d’Environnement Canada prouvent que le volume de GES que les libéraux ont déclaré avoir été produits par le Canada entre 2016 et 2020 est tout simplement faux, largement en deçà de la réalité.
Non, mais nous resterons dans la même catégorie, celle des beaux parleurs, à une échelle plus restreinte : au niveau provincial, celui du gouvernement Legault. D’abord, il faut au moins admettre que les caquistes sont capables d’avouer leurs faiblesses… à moins qu’ils aient l’orgueil de penser que cela n’entamera pas leur crédit auprès de la population d’un iota. En effet, ils reconnaissent qu’ils n’atteindront pas leurs cibles de réduction de GES… Pourquoi ? Principalement, parce que notre dépendance au pétrole diminue trop lentement, en particulier dans le domaine des transports (82 % des produits pétroliers consommés) ! Les camions légers et autres VUS, on aime ça, nous ? Et le train, on en fait quoi ? Alors exit la cible de 40 % en moins de GES d’ici 2030, on n’arrivera même pas à 30 %.
Parallèlement, le gouvernement québécois s'offre quand même un dossier entier de huit pages dans le Devoir de la semaine dernière pour promouvoir ses « actions » d’ici à 2027. Si ça ne ressemble pas à des promesses de campagne, comme la réforme du mode de scrutin… Regardons cela de plus près. Quatre domaines d’intervention : l’électrification des transports, la construction d’une économie verte, la décarbonisation du secteur industriel, l’adaptation aux changements climatiques. On notera déjà le mélange des genres, à la fois précis (points 1 et 3) et vague (points 2 et 4).
Pour commencer, oui aux incitatifs pour les transports électriques, mais continuer de rouler en solo dans une voiture hybride, électrique ou à hydrogène (dont la technologie propre n’existe pas encore) ? Cela revient à continuer d’étaler nos villes, à construire plus de routes et de ponts, à éloigner les gens de leur travail et des commerces ! Taxer les pollueurs en mettant un prix sur les émissions de GES ? C’est pas mal, mais cela empêche-t-il vraiment la pollution ? Non, le pollueur verse simplement de l’argent en dédommagement ! Très utile, quand il n’y aura plus un seul poisson dans les océans. L’économie circulaire comme modèle de développement. Qui serait contre ? On n’est même pas capable de recycler ce que nous mettons chaque deux semaines dans notre bac bleu ! Que faites-vous de vos objets usagés ? Au mieux, vous contactez un OBNL qui va s’en charger… le rôle du gouvernement québécois dans ce processus ? Vous avez compris… Enfin, au Caquistan, on est résolu à s’adapter aux changements climatiques. C’est bien. En replantant des arbres. Et pourquoi ne pas en limiter drastiquement la coupe ? Promettre des millions, des milliards pour des « projets d’adaptation », qu’est-ce que ça signifie concrètement ? Le seul véritable aspect positif dans tout ça, un peu comme dans les séries TV, est qu’il y a aujourd’hui un consensus social, affiché, officiel, sur la réalité de la crise climatique. Seul problème encore : nous ne sommes pas prêts à accepter les mesures drastiques qui sont nécessaires, y compris à voter pour les partis qui auront le courage de les prendre.