Grippe espagnole : retour sur la grippe la plus meurtrière de l’histoire
La grippe espagnole donnait l’impression de la fin du monde. Propagée durant la Première Guerre mondiale, elle a fait ses ravages de 1918 à 1920. Retour sur cette pandémie avec l’historien Roger Blanchette lors d’une conférence sous le format Facebook en direct au Musée de l’Auberge Symmes.
Plus de 50 millions de personnes à travers le monde sont décédées des suites de cette grippe. On se rapproche plus de 100 millions de décès, car les gouvernements n’incluaient pas les Africains dans leurs calculs. Selon eux, « ça ne valait pas la peine de les compter », souligne M. Blanchette.
Le tout premier cas a été enregistré au Kansas dans un camp d’entrainement militaire. Le virus se propage quand les hommes arrivent en Europe pour la guerre. Comme tout virus, il a été transmis par un animal, cette fois, le canard.
Le monde n’a connu l’existence de cette grippe qu’en septembre 1918 quand elle a touché l’Espagne. Les pays en guerre censuraient leurs médias, donc la population n’avait pas connaissance du virus. L’Espagne n’étant pas en conflit, les médecins ont pu dévoiler la vérité de ce virus au grand public. D’où vient le nom grippe espagnole.
C’est en décembre 1918 que le virus atteint son sommet. Les plus affectés sont les 20 à 40 ans, soit la tranche d’âge des soldats. On n’a d’ailleurs jamais trouvé de vaccin pour cette grippe.
Le monde était en guerre depuis 1914 et la grippe s’est répandue jusqu’en 1920. Six années de combat. La population croyait à la fin du monde. Il y a donc eu une grande baisse de natalité dans les années 1920.
Parmi les personnes célèbres victimes de la grippe espagnole, on retrouve entre autres le poète Guillaume Apollinaire, l’auteur de la célèbre pièce Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand et le fondateur de la sociologie, Max Weber.
Situation au Québec
Le Québec a été la province canadienne la plus touchée. Après la guerre, la majorité des soldats canadiens arrivaient au pays par le port de Montréal. Avec plus de 500 cas en octobre 1918, l’Outaouais a été l’une des régions les plus affectées de la province. Au même moment, on dénombrait 14 décès à Aylmer.
Au Canada, on a recensé environ 50 000 morts. Cependant, M. Blanchette affirme qu’il y en a certainement beaucoup plus, car il n’y avait pas d’organisations chargées de comptabiliser les décès. C’était la responsabilité des médecins. Plusieurs mourraient en campagne sans qu’on s’en aperçoive.
D’un côté, on a oublié de compter des morts, mais de l’autre, des personnes vivantes ont été enterrées. Le grand-père de l’historien lui a raconté que quand il déterrait les corps pour les changer de cimetière, il observait des marques de doigts dans la terre. Des gens enterrés vivants avaient essayé de s’en sortir.
Les mesures de prévention au Canada ressemblaient essentiellement à celles mises en place pour la Covid-19; lavage des mains, interdiction de se regrouper, port du masque, confinement et fermeture des écoles. Le Québec a même ajouté l’interdiction de cracher par terre.
La prochaine conférence du Musée de l’Auberge Symmes aura lieu en octobre et portera sur la crise d’Octobre de 1970.