Grève des employés de la SQDC : la grève à la succursale d’Aylmer jugée illégale
Sonia Roy
Un nouveau retournement vient s’inscrire dans le dossier de la grève des employés de la Société québécoise du cannabis (SQDC), cette fois-ci concernant une succursale de la région. Suite à une récente décision du Tribunal administratif du travail (TAT), l’arrêt de travail déclenché par les employés de la succursale de la SQDC d’Aylmer, le 16 août dernier, fut jugé illégal. Les employés de cette succursale ont effectivement tenté de se joindre à leurs collègues de la succursale de la SQDC de Gatineau (ainsi qu’aux 26 autres succursales représentées par le Syndicat canadien de la fonction publique SCFP-5454) dans leurs activités de grève, qui durent depuis le 20 mai 2022. Rappelons que les employés de la SQDC réclament un meilleur salaire, semblable au salaire de leurs collègues de la Société des alcools du Québec (SAQ). La différence de salaire des deux sociétés d’état à l’embauche (22,59$ chez la SAQ contre 17,12$ chez la SQDC) ainsi que les échelons salariaux sont soulignés par le SCFP, qui continue à ce jour ses activités de manifestations et de lignes de piquetage devant non seulement les succursales de la SQDC en grève, mais également devant les bureaux de politiciens dans plusieurs villes du Québec. Des manifestations se sont récemment déroulées en Montérégie, à Drummondville ainsi que devant le bureau montréalais du premier ministre François Legault. Ce dernier fut de passage en Outaouais cet été et si, selon les témoignages, le premier ministre a choisi d’éviter les effusions publiques avec les manifestants et les manifestantes, ceux-ci l’ont néanmoins attendu de pied ferme lors de son arrivée à Gatineau en affichant plusieurs banderoles le long du parcours du politicien. On pouvait y lire de nombreux messages destinés au gouvernement québécois et ses représentants, dont cette fameuse phrase dite par le premier ministre lui-même en mai dernier, en parlant de l’inflation et de la pénurie de main-d’œuvre : « Les entreprises qui ne sont pas capables de payer des salaires plus élevés que 15$ ou 20$ de l'heure auront de la misère… ». Les employés des 13 succursales de la SQDC représentés par la Confédération des syndicats nationaux (SQDC-CSN) ont quant à eux repris leurs activités de travail à la suite d’une entente de principe entre le syndicat et la SQDC en juillet dernier.
C’est une histoire d’accréditation et de délai dans l’accord du droit de grève qui est à l’origine de la conclusion du Tribunal administratif du travail. En effet, l’accréditation de la succursale de la SQDC d’Aylmer étant entrée en vigueur le 28 avril 2022 et le SCFP-5454 ayant omis de remettre un avis de négociation dans les délais prévus par la loi, le droit à la grève dont peuvent se prémunir les employés sera accordé aux membres du syndicat le 25 octobre 2022. Une mise en demeure a été envoyée par la SQDC au SCFP-5454 le 15 août 2022, lui demandant de ne pas déclencher de grève à la succursale d’Aylmer, chose qui fut faite le lendemain. D’ici l’automne, les employés de la succursale d’Aylmer sont donc appelés à « reprendre le travail et à fournir leur prestation normale de travail dès aujourd’hui, et ce, jusqu’à la date d’acquisition du droit de grève et à s’abstenir de participer à toute activité concertée illégale visant à ralentir les activités », est-il mentionné dans la décision du TAT. La SQDC salue cette décision du Tribunal et mentionne par le biais d’un communiqué qu’elle souhaite « maintenir un climat de travail sain à l’intérieur de ses succursales et les employés seront bien accueillis à leur retour au travail », en parlant de la succursale d’Aylmer.
Légende photo : les manifestants de la SQDC à l’arrivée du premier ministre en Outaouais, le 12 août 2022
Crédit photo : tirée de la page Facebook du SCFP-5454