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---Grève d’une journée pour des garderies privées non subventionnées
Le 9 juin dernier, plus de 250 garderies privées membres de l'Alliance québécoise des garderies privées non subventionnées (AQGPNS) ont fermé leurs portes afin d’exprimer leur désaccord face au manque de soutien du gouvernement provincial envers les garderies privées. Selon un communiqué publié par l'AQGPNS le 5 juin, l’appel de grève aux garderies non subventionnées (GNS) pour la journée du 9 juin a été lancé en raison de l’entêtement du ministre québécois de la Famille, Mathieu Lacombe, à proposer des solutions qui ne répondent ni aux attentes des parents, ni à la crise actuelle, en ignorant les GNS qui pourraient répondre d'une manière instantanée, en étant converties maintenant, à la demande actuelle de plus de 51 000 places en garderie subventionnée. En outre, l'Alliance estime à plus de 30 000 le nombre de places libres dans les GNS. Selon le président de l'AQGPNS, Khalid Daher, les injustices systémiques à l'égard du réseau de garderies privées de la province ont commencé vers 2008, soulignant que le gouvernement a accordé beaucoup plus de financement aux centres de la petite enfance (CPE) qu'aux garderies privées. « Le gouvernement refuse de nous écouter », a fait savoir M. Daher.
L’Alliance pense que cette ignorance du gouvernement est voulue et, d’après M. Daher, le ministre Lacombe sait pertinemment que son manque de soutien fait en sorte que le réseau de GNS est actuellement en voie de disparition. L'AQGPNS revendique notamment un système plus « équitable et universel » qui permettrait aux parents de payer le même tarif partout, que le service de garde soit subventionné ou non, affirmant que des centaines de milliers de familles québécoises ont souffert du manque d'équité dans le réseau, et ce, depuis sa création.
Dénonçant le fait que cette politique a créé deux types de contribuables – ceux qui bénéficient de tout et ceux qui ne bénéficient de rien – l’AQGPNS propose de convertir rapidement, avec le soutien nécessaire, les places dans les garderies non subventionnées en places subventionnées, et de permettre aux parents de choisir le service de garde qui leur convient. Ajoutant que le gouvernement provincial doit accélérer la construction de nouveaux CPE, l'AQGPNS demande également de faire bénéficier les parents des services particuliers dont ont besoin leurs enfants, et d’aider les garderies non subventionnées au même titre que les CPE en ce temps de pandémie. La dissolution de La Place 0-5, guichet unique d’accès aux places en services de garde, est également revendiquée, ainsi que la présence de parents au sein des comités consultatifs du ministère de la Famille. De plus, l’Alliance soutient qu’il faut changer le caractère discriminatoire et limitatif des appels d’offres, qui allouent 85 % des places aux CPE, et laisser les appels d’offres également accessibles à tous les services de garde.
Manifestant avec ses employés, pancartes à la main, devant son installation à Deschênes, la propriétaire de la garderie Aurora, Li Ke Mo, a déclaré au Bulletin d’Aylmer qu'il est important de sensibiliser la population aux injustices dont sont victimes les garderies privées. Elle croit que les parents sont les plus lésés dans ce système puisqu’ils ne peuvent choisir librement un prestataire de services de garde, ce choix leur étant plutôt dicté, et ce, sans égard à leur revenu.
Située au 82, chemin Vanier, la garderie Aurora compte une quinzaine d'éducateurs/éducatrices à temps partiel et à temps plein pour 80 enfants. Mme Mo a tenté, en vain, d’obtenir une subvention de l'État pour sa garderie. « Nous serions ravis d'être subventionnés », a t elle dit, s’attendant à devoir attendre au moins dix ans avant de recevoir une quelconque aide gouvernementale.
Étant donné que la garderie Aurora n'existe que depuis quatre ans, sa propriétaire n’est pas admissible à une subvention de l’État, les installations devant exister depuis au moins cinq ans. Elle ajoute que les processus d'appel de projets sont lents, et leurs critères, très stricts et toujours changeants. Mme Mo a indiqué qu’elle n’est pas en mesure de payer le plein salaire de ses employés, en raison des coûts élevés de fonctionnement de l’installation en l’absence de soutien financier. Les frais de garde à Aurora varient entre 45 $ et 50 $ par jour, alors qu’ils sont de 8,35 $ pour les mêmes services dans les CPE et les installations subventionnées. « L’écart est énorme », déplore Mme Mo.