Entretien avec un défusionniste
Défusion : une possibilité pour Aylmer? Et pour Hull?
Le mécontentement à Aylmer est palpable concernant son traitement au sein de la grande ville de Gatineau – le Bulletin d’Aylmer a reçu plusieurs lettres à l’éditeur de résidents qui souhaitent qu’Aylmer se retire du grand Gatineau. Selon Claude Millette, un personnage clé jadis dans le mouvement pour la défusion de Hull, celle-ci est possible.
« Ce n’est pas impossible. Mais la province serait contre cela. Il faudrait d’abord qu’un grand mouvement en faveur de la défusion prenne racine. Nous aurions aussi besoin d’une bonne équipe de membres actifs », ajoute M. Millette, conseiller de Hull de 1991 à 2001, une année avant le début du processus de fusion.
Le gouvernement péquiste de Bernard Landry avait imposé la fusion à plusieurs villes en 2002. Ces fusions avaient soulevé la grogne chez certains, incluant chez la population anglophone.
Quand le parti libéral de Jean Charest a pris le pouvoir en 2003, plusieurs référendums, en partie à cause de ce mécontentement, ont eu lieu pour la défusion de certaines villes de ces nouvelles méga villes.
Le référendum d’Aylmer, en mai 2004, a démontré que plus de 50% des votants voulaient la défusion. Toutefois, peu de gens sont allés voter. Il ne fallait que 35% des votes incrits en faveur de la défusion; les résultats n’ont donné que 26%.
À Gatineau, seulement Masson-Angers avait dépassé les 35% par une faible marge de 0,04%. Certains bulletins de vote ont été annulés lors du recomptage pour un résultat final de 34,8 %; Masson-Angers est donc demeurée au sein du grand Gatineau. Le vote était loin d’être aussi serré à Aylmer.
« Ce sera plus difficile de ramener ce sujet à Gatineau maintenant », dit M. Millette, « Tout est en place, incluant les travaux publics. Mais certains employés municipaux sont toujours d’avis qu’on y a perdu avec la fusion. Les deux plus importants perdants ont été Hull et Aylmer, entre autre du fait que leurs équipements neufs ont été envoyés à Gatineau », fait remarquer M. Millette.
Selon l’ancien conseiller de Hull, certains résidents qui étaient en faveur de la fusion réalisent maintenant qu’il s’agissait d’une mauvaise idée.
« On s’était fait dire que ça coûterait moins cher de gérer la (nouvelle) ville, que les résidents auraient de meilleurs services et qu’il y aurait moins d’employés municipaux. C’est tout à fait le contraire qui s’est produit », dit M. Millette.
En 2015, la masse salariale de Gatineau, qui représentait 47% du budget, a augmenté de 2,8%, une hausse d’environ 5 millions $, une augmentation inférieure à celle des budgets précédents. En 2014, l’augmentation avait été de 3,1%, en 2013, de 4,1%, en 2012, de 5,7% et en 2011, l’augmentation avait été de 4,9%.
À mesure que la population de la ville augmente, elle a besoin de personnel additionnel ce qui augmente la masse salariale.
Les taxes foncières ont aussi augmenté depuis la fusion. « Nos taxes ont augmenté; et, dans Hull, nous n’aurions plus de dette si nous n’avions pas fusionné. Aujourd’hui, la dette augmente sans cesse », poursuit M. Millette. La dette de Gatineau s’élève actuellement à 570 millions$. « Trop peu de gens étaient venus voter – et aujourd’hui, nous devons vivre avec les résultats. » M. Millette n’est pas prêt à lancer un nouveau mouvement pour la fusion mais il serait sûrement prêt à offrir son aide.
(Trad.: CB)
Cet article est le premier d’une série sur le sujet de la défusion.