En direct du pays des baleines… la suite
Au fait, ce n’est pas tout à fait en direct puisque j’écris alors que je suis revenue à la maison depuis quelques jours. C’est toujours difficile de me décider à revenir. Comme je te le racontais dans la dernière chronique, il y a plus de baleines cette année dans le secteur des Escoumins et des Grandes Bergeronnes – enfin, plus que les dernières années mais toujours rien à comparer à il y a 20 ans.
Je mentionnais la visite surprenante de baleines noires qui en a fait parler plusieurs. Comme par un heureux hasard, l’émission La semaine verte (Radio-Canada) présentait le 27 août un reportage sur la baleine noire. On y expliquait justement les changements de trajectoires de cette baleine qui compte parmi les espèces menacées et du fait qu’elle commence à fréquenter le golfe du Saint-Laurent, du jamais vu. Jusqu’à récemment, c’est dans la baie de Fundy qu’elles passaient la saison estivale. On ne sait pas pourquoi, au juste, elles migrent ainsi. C’est peut-être à cause du déplacement du plancton. « Les baleines vont nous enseigner à quel point l’océan Atlantique Nord est en train de changer », conclut la chercheuse Moira Brown. On peut visionner l’émission sur ICI.Tou.tv.
Bon, assez sur la baleine noire. Imagine qu’on a aussi eu la visite d’une baleine à bec commune dans l’estuaire. Je ne l’ai pas vue personnellement, mais une amie naturaliste qui travaille depuis quinze ans comme guide d’excursions en zodiac dans le secteur m’a raconté son étonnement en voyant cette baleine qu’elle ne connaissait pas. Ils ont dû faire une recherche Google pour l’identifier!
J’ai passé trois semaines au pays des baleines, en camping, sur le Cap 1 du Paradis marin. Certains me demandent qu’est-ce que je fais là pendant trois semaines. C’est simple, j’observe les baleines et je dessine (tu peux voir quelques dessins sur mon blogue www.carollebertrand.canalblog.com). Jumelles toujours autour du cou et toute ouïe, des heures et des jours durant, j’attends la prochaine baleine et à chaque fois je suis émerveillée.
Un matin d’épais brouillard et de fleuve calme, je l’entends… c’est la bleue, c’est certain. On ne peut pas se tromper, le souffle de la baleine bleue s’entend à des kilomètres, un son qui rappelle celui d’un tuyau d’orgue. Je vais voir mon voisin de camping, M. DeRépandverre (voisin depuis plus de 10 ans!), pour lui dire que la BLEUE est là, quelque part devant nous. Et puis on l’entend souffler à nouveau. On capote. Le brouillard finit par se lever et on la voit, elle montre la queue lors de sa plongée. C’est Jawbraker! Ô surprise, plus au large, une autre bleue, puis une autre. On entend et on voit leur souffle (plus de 6 mètres de hauteur). C’est vraiment une « bonne année ». Finalement, j’ai su que sept bleues étaient arrivées dans le secteur devant le Paradis marin ce jour-là. Ça, c’est rare. Et elles y sont restées pendant plusieurs jours.
On l’appelle la « bleue », mais au fait c’est un rorqual bleu, le plus gros mammifère de la planète. Il peut mesurer jusqu’à 30 mètres et peser jusqu’à 190 tonnes (plus de 380 000 livres!). Sa langue? 4 tonnes! 8 000 livres! Son cœur? Gros comme une voiture, 500 kg! Inimaginable… quand on pense que le plus grand dinosaure n’aurait mesuré que 24 mètres et pesé que 36 tonnes.
Nouvelle de dernière heure – Alors que j’écris cette chronique, je reçois une nouvelle du pays des baleines : un zodiac est entré en collision avec une baleine au large des Grandes Bergeronnes. Le zodiac a été projeté 2 mètres dans les airs, le capitaine et un touriste ont été éjectés. Heureusement, un touriste à bord savait manœuvrer un engin du genre et les deux éjectés ont pu être repêchés sains et saufs. On ne connaît pas l’état de la baleine, on tente de la retrouver. Selon ma source au pays des baleines, il s’agirait d’une bleue!
Évidemment, j’ai fini par quitter le paradis, 695 km pour revenir à Aylmer. Difficile de partir, mais une fois sur le traversier de Tadoussac, tout à coup, j’ai hâte d’arriver chez moi. La route est stressante par bouts, il y en a toujours qui sont plus pressés que moi et il me semble que Charlevoix « montagne » plus que jamais. Je suis donc revenue dans ma p’tite case en ville, dans mon enclos où, comme mes voisins, j’essaie en vain de contrôler la nature… gazon, arbres, fleurs séchées, scarabées japonais, tomates qui ne « tomatent » pas fort, etc. J’pense qu’on ne l’a vraiment pas l’affaire!
Carolle Bertrand est native d’Aylmer – chanteuse/musicienne, artiste visuelle, chroniqueuse. Pour en savoir plus et pour lire les chroniques précédentes, visitez son espace sur le Web http://carollebertrand.canalblog.com. Courriel : Carolle.Bertrand@gmail.com