ÉDITORIAL
Des pénalités s’imposent aux gestionnaires du CISSSO!
En Outaouais, le système de santé doit répondre à deux réalités géographiques : d’un côté, les hôpitaux ruraux et les CLSC et, de l’autre, l’infrastructure urbaine de Gatineau. Le territoire en entier, rural et urbain, est géré par une seule et même entité, le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO), entièrement établi à Gatineau. Année après année, les évaluations de performance du ministère placent le CISSSO parmi les pires agences du Québec pour ce qui est de la gestion des services de santé. Certaines années, notre région occupe le tout dernier rang. Si le ministère menait une analyse plus détaillée, il conclurait que les services en région rurale de l’Outaouais sont les moins bien gérés de toute la province, un point c’est tout. Il y a des années, c’étaient les mieux gérées!
Il est ici question de gestion. Nous ne parlons pas du système de santé comme tel, et particulièrement pas des travailleurs de première ligne qui font en sorte que le système arrive souvent à bien fonctionner.
Les échecs des gestionnaires du CISSSO se répètent constamment. Ces derniers vont jusqu’à dire effrontément que « tout va bien ». Le CISSSO refuse de discuter du problème en détail, spécialement avec les médias, mais continue de publier des communiqués à toutes les occasions, que ce soit au sujet de services interrompus, de chirurgiens manquants, de pénurie d’infirmières, de lits qui s’alignent dans les couloirs et de bris mécaniques. Semaine après semaine, nous apprenons que l’Hôpital communautaire du Pontiac, qui dessert un territoire de la taille de l’Irlande, ne peut pas fournir de services d’obstétrique en raison d’un manque de chirurgiens. Les administrateurs blâment le personnel, blâment les infirmières, blâment les spécialistes, blâment les politiciens et les budgets, et pourtant, ce sont eux qui sont en charge. Est-ce qu’on les entend promettre une meilleure gestion?
Non. Par conséquent, si le gouvernement provincial n’a ni les ressources pour intervenir, ni la volonté de le faire, peut-être faut-il examiner les meilleures pratiques de gestion utilisées ailleurs, disons dans le secteur privé.
Dans le monde des affaires, des gestionnaires affichant des résultats généralement aussi lamentables seraient mis à la porte. Les procédures seraient rationalisées, les patrons remplacés et il y aurait des pénalités sur les salaires et les bonis. Pourquoi le ministère n’impose-t-il pas des pénalités salariales aux gestionnaires de la santé à la suite d’échecs constants?
Quand le CISSSO annonce un autre bris de services d’obstétrique dans le Pontiac ou à Wakefield, pourquoi des pénalités aux gestionnaires ne sont-elles pas aussi annoncées? Si une famille de Quyon poursuit le CISSSO, est-ce que les gestionnaires seront forcés de se défendre eux-mêmes en cour?
Depuis quand les gestionnaires ne sont-ils plus responsables de leurs décisions? Chacun d’entre eux a accepté un poste bien payé, connaissant la situation et les problèmes liés à ce poste. Une partie des tâches de chaque gestionnaire, par définition, est de résoudre des problèmes, pas de s’en désintéresser.
La situation en Outaouais est grave. À moins que des mesures telles que des pénalités pour faible rendement ne soient prises, les problèmes vont continuer à survenir. Sans pénalités financières, d’où viendra la motivation nécessaire aux changements difficiles requis?
(Traduction : Johanna Fallu)