ÉDITORIAL
De la démocratie (dans les petits détails)
Comment ne pas aborder le sujet de la semaine, à savoir les élections ? C’est vrai, mais peut-être pas sous l’angle auquel vous pensez… Et évidemment pas de manière partisane ! Il n’y a pas moins de cinq minutes, je discutais au téléphone avec un couple d’amis qui, hésitant, a finalement décidé de donner à nouveau de son temps pour s’occuper d’un bureau de vote lors des élections fédérales de demain (nous sommes dimanche). Retraités, éduqués, impliqués de plusieurs manières dans notre collectivité, ils ont quand même failli ne pas le faire. Par manque d’enthousiasme probablement pour une campagne lancée à la dernière minute, en pleine pandémie, pour des raisons douteuses… et qui n’aura rien changé au paysage politique. D’ailleurs, Élections Canada a manqué de préparation et de volontaires, justement à cause du risque d’attraper la CoVid-19, mais aussi, soyons francs, parce que la PCU est encore distribuée. Le salaire d’un scrutateur n’est pas compétitif. Bref, c’est une élection bâclée, où les malheureux qui ont eu le courage de se proposer pour aider ont été en sous-nombre, au point de devoir fermer des bureaux de vote et les regrouper, avec un chaos organisationnel impressionnant qui porte préjudice à notre démocratie. Retards dans le dépouillement, risque de confusion des boites de scrutin, manque de coordination et de supervision, c’est notre modèle de démocratie représentative qui en prend un coup, au risque d’être discrédité. C’est grave. Peut-être les élections municipales qui s’approchent à grands pas nous montreront-elles un autre visage de notre société…
À ce propos, cela commence mal. Je trouve en effet déplorable qu’au premier jour de la campagne municipale, aucun — ou presque — des candidats n’ai eu la retenue, la courtoisie et l’éthique de ne pas afficher. Je vous donnerai les noms la semaine prochaine. En tout cas, les pylônes et autres supports — sans compter les feux de circulation (sur lesquels il est interdit d’accrocher des pancartes, au passage, relisez la loi électorale), bref les multiples supports qui meublent la ville, étaient déjà outrageusement remplis d’affiches électorales, mais là, dans les derniers jours de la campagne fédérale, ce fut carrément n’importe quoi. Vous avez dû voir ces poteaux avec parfois jusqu’à trois affiches l’une au-dessus de l’autre. C’est une véritable pollution visuelle, qui donne simplement envie de détourner le regard, si nous n’étions pas sûrs de tomber à nouveau sur de nouvelles affiches !
Amis communicateurs et spécialiste de la mercatique, vous obtenez le résultat contraire à celui espéré : on ne distingue plus les candidats d’une élection ou de l’autre, les visages se superposent, on est tout « mélangés », on est tannés. Mes deux amis me racontaient comment une de leurs connaissances, qui votent pour la première fois au Canada, s’était étonnée de voir autant de candidats pour une seule élection, elle était confuse… Jusqu’à ce qu’ils lui précisent qu’elles concernaient en réalité deux élections à deux paliers de gouvernement distincts. Cette citoyenne était perdue, peut-être comme vous, et se demandait comment elle allait effectuer son choix. D’autant plus que la couverture médiatique régionale des candidats locaux a été plus que légère et que tout le monde ne passe pas sa journée à naviguer sur les médias sociaux, où les gros partis ont investi des millions de dollars. Comment faire un choix éclairé dans ces conditions ?