Courts de tennis en terre battue : des résidents d'Aylmer font pression sur Gatineau
Un résident local a récemment déposé des documents auprès des élus de Gatineau pour demander des investissements supplémentaires dans les courts de tennis en terre battue à Aylmer. Voyant la popularité croissante de ce sport au cours des dernières années, surtout chez les jeunes de la région – avec des vedettes comme Bianca Andreescu, Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov sous les feux des projecteurs – l’Aylmerois Eric Tardif s'inquiète du manque d'infrastructures de tennis locales par rapport à d'autres secteurs et villes.
Dans sa lettre à la Ville, Tardif suggère de construire un centre de sports de raquette intérieur comprenant différents types d'installations pour des activités comme le tennis, le pickleball et le ping pong, qui seraient accessible à l'année longue. À tout le moins, il croit que la Ville devrait investir dans une installation extérieure avec des courts de tennis en terre battue et un chalet avec toilettes, accès à l'eau et espaces d’entreposage pour l'équipement. « Cela peut être réalisé en plusieurs phases », a indiqué Tardif dans la lettre. « Mais si le projet est au moins planifié dans son intégralité dès le début, il sera plus facile d'ajouter d'autres phases le moment venu ».
Tardif a estimé que la plupart des villes du Québec dont la population est comparable à celle de Gatineau ont au moins un court de tennis en terre battue pour 12 600 habitants – notant que Longueuil compte 247 000 habitants et sept courts en terre battue, Sherbrooke compte 167 000 habitants et 15 courts en terre battue, et Trois-Rivières compte 137 000 habitants et huit courts en terre battue.
Le Club de tennis Wychwood (CTW), un club réputé dans la province, compte 558 membres, dont 306 sont des jeunes. « C'est sans compter la croissance rapide de la population au cours des prochaines années », a dit Tardif. « Dans le reste de Gatineau, il y a environ 50 jeunes qui jouent au tennis. Aylmer est un joyau pour le tennis ».
Affirmant que les courts en terre battue offrent de nombreux avantages par rapport aux courts en asphalte et en acrylique – y compris moins de blessures, moins de chaleur induite par le soleil pendant l'été, et qu'ils coûtent environ 60 000 $ de moins à construire que les courts en acrylique – Tardif estime que l'investissement le plus judicieux pour la ville est la construction de courts de tennis en terre battue à Aylmer. « En tant qu’entraîneur, lorsque vous faites pratiquer les joueurs sur un terrain en ciment, à 32 degrés [Celsius], il y a un point où vous ne pouvez plus continuer », a déclaré Tardif. « Le revêtement crée tellement de chaleur. Les courts en terre battue permettent une plus grande circulation de l’air ».
--Demander aux gens ce qu'ils veulent
En lançant son initiative en octobre dernier, Tardif a mené un sondage sur les besoins des joueurs de tennis récréatifs, auquel ont répondu 350 joueurs amateurs de Gatineau. Parmi les répondants, 162 (46,3 %) étaient des résidents d'Aylmer, et 143 (40,9 %) étaient des membres du CTW. Il a ajouté que 165 personnes (47,1 %) ont répondu au nom de leur famille respective, 162 (46,3 %) ont répondu pour eux-mêmes, et 26 (6,6 %) ont répondu pour leurs enfants. Dans le sondage, 63,9 % des répondants ont déclaré que la Ville doit investir beaucoup plus d'argent dans les installations de tennis, tandis que 35,5 % ont déclaré que la Ville devrait investir un peu plus d'argent. Il a ajouté que 51,1 % des répondants ont indiqué que la nécessité pour la Ville de construire de nouveaux courts de tennis est « très importante ».
En novembre dernier, la ville a organisé une consultation publique sur les infrastructures de sports de raquette, qui a réuni 76 participants. En réaction à cet événement, Tardif s'est dit découragé par les suggestions de poursuivre l'intégration des courts de tennis et des terrains de pickleball – ce qui a déjà été fait à Hull et à Gatineau. « Il est illogique d'ajouter une autre discipline sur les courts de tennis, qui sont déjà en nombre insuffisant, et cela partout dans la ville », a déploré Tardif. Il a ajouté que le pickleball peut être joué dans les gymnases, alors que le tennis ne peut pas l'être autant. Comme les deux sports ont des lignes différentes, Tardif a indiqué que les terrains polyvalents ont tendance à causer de la confusion et de la frustration chez les joueurs de tennis – ce qui les décourage parfois de jouer.
Le manque d'infrastructures pousse également les joueurs basés à Aylmer à aller ailleurs, comme à Hull, Gatineau et Ottawa – où l'expérience est meilleure, d’après Tardif. Après avoir aidé Tardif à organiser le sondage, France Gilbert, présidente du CTW et de l'Association régionale de tennis de l'Outaouais (ARTO), a déclaré qu'elle est une grande partisane des courts de tennis en terre battue et qu'elle n'est pas favorable à l'idée d’intégrer les terrains de pickleball et les courts de tennis. « Lorsqu'il y a trop de lignes, il est difficile de voir ses propres lignes », a expliqué Mme Gilbert, en faisant remarquer que les joueurs de pickleball peuvent jouer à l'intérieur parce que les terrains sont plus petits qu'au tennis.
Bien que les courts en terre battue nécessitent plus d'entretien que les courts en acrylique et en asphalte, comme un arrosage régulier, Gilbert a fait remarquer que les températures élevées peuvent rendre les courts en ciment insupportables pour les joueurs de tennis. « Si nous voulons aller vers quelque chose qui produit moins de chaleur, les courts en terre battue sont quelque chose qu'il faut regarder », a déclaré Gilbert. Elle a ajouté que les courts en terre battue sont bénéfiques pour les joueurs plus âgés qui craignent de se blesser, et pour les joueurs d'élite qui en ont besoin pour jouer au plus haut niveau de compétition.
Soulignant que l'infrastructure de tennis d'Aylmer fait défaut, elle est d’avis que l'idée d'une installation intérieure serait le meilleur scénario. Mme Gilbert a fait remarquer que les courts de tennis d'Aylmer sont tous construits individuellement, alors que dans les secteurs, ils sont pour la plupart aménagés avec plusieurs courts au même endroit. Elle a suggéré que la ville commence à mettre en œuvre ce modèle avec les futurs projets à Aylmer, de préférence en les construisant par groupes de quatre ou plus.
--Réflexions des conseillers
Comprenant que le tennis est relativement populaire à Aylmer, le conseiller municipal de Deschênes, Mike Duggan, a noté qu'une très petite partie de la population finira par utiliser les nouveaux courts de tennis s'ils sont construits. Considérant le coût de la construction, de la collecte des équipements nécessaires et de l'entretien des courts de tennis en terre battue, Duggan a laissé entendre qu'un projet privé pourrait être plus réalisable qu'une initiative financée par la municipalité. « Les joueurs de tennis devraient rassembler leur argent et faire quelque chose », a déclaré Duggan. « Je ne me sens pas à l'aise avec une activité aussi spécialisée, qui est considérée comme un peu bourgeoise, d'imposer aux gens de payer pour cela... il y a des entreprises qui offrent des installations sportives intérieures. Si vous voulez du tennis géré par le gouvernement, ne frappez pas à ma porte ». Duggan a indiqué que les plans concernant les nouvelles installations de tennis doivent également inclure des terrains de pickleball, compte tenu de la popularité de ce sport auprès de la population vieillissante.
Soulignant que la Ville investit dans la revitalisation de sa sélection d'arénas de hockey avec la construction de deux complexes sportifs, Duggan a fait valoir que les patinoires de hockey sont plus polyvalentes que les installations de tennis et ont une plus grande valeur patrimoniale. « Le hockey n'est pas seulement un sport, il fait partie de notre culture », a lancé Duggan. « De plus, une surface de patinage peut être utilisée pour plusieurs choses différentes, vous pouvez avoir du patinage récréatif, du patinage artistique et de la ringuette. Les surfaces de glace sont très canadiennes. Il y a donc aussi un aspect culturel ».
Audrey Bureau, conseillère du district d'Aylmer, a déclaré qu'elle comprenait la nécessité d’avoir plus de courts de tennis à Aylmer, comme il a été souligné lors de la consultation de la Ville en novembre. Elle a ajouté qu'elle portera une attention particulière à la manière dont la Ville intègre les demandes des résidents lors de la consultation dans ses nouveaux plans d'infrastructures de loisirs. Elle a ajouté que les infrastructures sportives à proximité sont un besoin essentiel. Toutefois, dans le cas des installations appartenant à la municipalité, elle a souligné l'importance de construire des installations polyvalentes.
Le conseiller municipal de Lucerne et vice-président de la Commission des loisirs, des sports et du développement communautaire, Gilles Chagnon, a dit que ce dossier devrait faire l’objet de discussions par la Ville dans le courant de l'année. « Ce genre de choses ne se fait pas du jour au lendemain », a déclaré M. Chagnon. « C'est un investissement à moyen terme et à long terme ».
M. Chagnon a affirmé qu'Aylmer a des années de retard en termes d'infrastructures de loisirs, y compris les courts de tennis, et qu’elle doit faire du rattrapage. Cependant, il a indiqué que la construction de nouvelles patinoires à Aylmer est sa priorité. « Nous ne pouvons pas tout obtenir d'un seul coup », a dit M. Chagnon. « Les gens ne peuvent pas s'attendre à ce que cela figure dans le prochain budget. Mais nous allons en discuter ».