Corrigenda
Admettons que la ville ait fait des efforts pour le régler, en aidant à construire des logements abordables régulièrement ces dernières années (par exemple, 90 encore en juin dernier, sur le boulevard du Carrefour), ou en forçant (un peu) les constructeurs à en inclure dans leurs plans (Merci la Loi sur l’autonomie municipale de 2017), mais exploite-t-on suffisamment ces outils ?
À l’échelle municipale, on peut faire mieux. Ainsi, l’office d’Habitation de l’Outaouais (OHO) a la gâchette trop facile pour évincer des locataires qui payent en retard leur loyer, souvent pour des montants inférieurs à 500 $. Changeons cette politique. On peut également imaginer une réglementation plus coercitive envers les propriétaires de logements insalubres, ou une autre qui permette de saisir légalement les habitations laissées vacantes trop longtemps… Ceci dit, les paliers fédéral et provincial ont un rôle à jouer à travers différents programmes, en matière de financement ou de protection des usagers ; attention cependant de prendre en compte les spécificités de la région!
Non seulement l’offre de logement ne suffit pas à combler la demande de l’afflux massif de nouveaux résidents, mais la proximité de la capitale fédérale (où tout est plus cher et les gens mieux payés) pousse les prix vers le haut. Les inondations et la tornade en 2017, 2018 et 2019 n’ont pas arrangé la situation. Le coût moyen d’une location avec deux chambres a quasiment doublé en 20 ans, pour atteindre 1000 $ !
Le fait demeure, il y a pénurie. Résultat : davantage d’itinérants — même à Aylmer, où, pour la première fois cet automne, j’en ai croisé — et des familles nombreuses ou des ménages à faible revenu, obligés d’habiter à l’hôtel ou dans des lieux insalubres. Parce qu’en effet, l’autre caractéristique du parc locatif de Gatineau est sa vétusté. Alors, si vous êtes une femme et/ou racisée et ou handicapée, bingo !
Mais ne vous méprenez pas, des difficultés se profilent aussi à l’horizon pour les résidents qui désirent acheter : à cause des ruptures des chaines d’approvisionnement et de la hausse du prix du pétrole, une inflation (hausse des prix à la consommation) durable persiste… Excepté que les salaires n’ont pas progressé à la même vitesse. Dans ces conditions, aucune Banque centrale ne laissera les gens s’endetter encore plus, il faut réduire l’inflation… Donc les taux d’intérêt vont augmenter. Or, acheter du neuf coûte déjà de plus en plus cher. Au Canada, il faut aujourd’hui 45 % du revenu d’un ménage pour rembourser une hypothèque « représentative » ; un ménage doit gagner plus de 100 000 $ pour s’offrir un condo au prix moyen de 500 000 $ ! J’espère pour vous (ou vos enfants) que vous faites partie des chanceux.