ÉDITORIAL
Comment peut-on être Canadien?
Plusieurs ayant déjà commencé leurs vacances estivales en voyageant à l’étranger, il m’a donc semblé logique de rester dans le sujet. J’avoue que le « pas historique » (vingt pas, plus précisément) de Trump et de Kim Jong Un sur le sol nord-coréen, ajouté à la diatribe de Poutine contre le progressisme et la démocratie, lors du sommet du G20 et en pleine face de nos dirigeants, y compris Justin Trudeau, m’y ont un peu poussé.
La politique internationale ne sera pas le thème majeur de la future campagne électorale, mais fait partie des aspects à étudier pour juger de la qualité d’un gouvernement. Cela l’est surtout pour nous, Canadiens, qui imaginons encore notre pays comme un phare de la démocratie mondiale, un joueur majeur casqué de bleu qui milite activement pour la paix.
Avant les élections de 2015, les libéraux avaient annoncé leur intention de renouer avec la tradition canadienne (en fait récente) d’engagement auprès des populations en conflit, comme force d’interposition, et d’engagement actif dans les accords multilatéraux. Durant la première année du mandat de Trudeau, cette doctrine a été pensée, portée et incarnée par Stéphane Dion… peut-être un peu trop bien, pendant que Crystia Freeland s’occupait fort bien du commerce international. Et là, patatras! Il a fallu renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Cela devint, à juste titre, une priorité. Au point que Trudeau y engagea à 100 % la toute nouvelle ministre des Affaires étrangères ci-devant nommée, les Américains se contentant, eux, d’un simple représentant au commerce… Les ressources diplomatiques canadiennes se concentrèrent donc pendant deux ans sur cet accord, qui déboucha avec un certain succès sur l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Cependant, la planète continua de tourner…
Alors que Trudeau revient du G20 à Osaka et que ses initiatives (observez la pluie de promesses et de millions qui a commencé à tomber) portent le sceau de la campagne électorale, il est temps de faire un petit bilan de ces quatre dernières années en matière de relations internationales. Pour commencer : le Canada pris entre l’écorce et le tronc dans la guerre commerciale ÉU-Chine. Trudeau a parlé d’ « interactions constructives » avec Xie Jing Ping pour libérer les deux Canadiens à la suite de l’arrestation de la directrice marketing de Huawei (et proche du pouvoir chinois). Ils se parlent donc. Nous sommes loin de leur libération. Côté américain : un président absolument pas fiable, qui souffle le chaud et le froid et qui, lui aussi , aborde une année électorale. On peut donc s’attendre au pire. Enfin, les relations avec la Chine, le Moyen-Orient et l’Inde n’ont jamais été aussi mauvaises. Il est vrai que la conjoncture internationale n’aide pas — elle est même incontrôlable — et que le Canada reste un nain diplomatique. De là à ne rien faire…
Où en est le Canada pour obtenir un siège au conseil de sécurité de l’ONU, dans les missions des Casques bleus (six mois pour envoyer quelques hélicoptères), en matière d’aide humanitaire, ou dans la signature d’accords internationaux? Avouons-le, notre diplomatie n’a aucune vision globale et à long terme. Comme d’habitude, nous avons entendu de belles formules, mais les actions n’ont pas suivi. D’ailleurs, ce ne serait pas mieux avec les conservateurs : Andrew Scheer n’a aucune expérience dans ce domaine et l’idéologie de son parti reste excessivement centrée sur le Canada.