ÉDITORIAL
Échapper à l’ère des pandémies
On peut raisonnablement se poser la question : comment éviter que ce que nous vivons avec la COVID-19 se reproduise ? Même si parfois je me prends à douter de la réelle volonté de nos gouvernements à abandonner toutes les mesures spéciales et les contraintes mises en place pour aider à lutter contre la pandémie - c’est bien pratique pour nous divertir d’autres enjeux cruciaux - il est certain qu’ils y réfléchissent.
En attendant quelques faits scientifiques que les gens ne connaissent pas ou préfèrent garder sous silence… pour notre bien probablement ! 1) entre 631 000 et 827 000 virus, qui pourraient infecter les êtres humains, sont présents dans la nature 2) des pandémies plus fréquentes, plus mortelles et plus coûteuses sont à prévoir 3) leur impact économique est 100 fois supérieur au coût estimé de leur prévention… À moins que l’approche globale de lutte contre les maladies infectieuses ne soit radicalement différente. Comment ? Y croirez-vous si je vous le dis ?
En nous occupant de nos écosystèmes et de la biodiversité ! Et oui, parce que les études scientifiques prouvent, depuis pas mal de temps déjà, la corrélation entre la dégradation de la nature et l’augmentation des risques de pandémie. Récemment, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES en anglais) a synthétisé tout cela dans un rapport sans appel. Depuis la pandémie grippale de 1918, la sixième pandémie actuelle ne fait pas exception : les activités humaines en ont causé l’essor, même si des animaux en ont été les vecteurs. Plus précisément, il s’agit de l’expansion et de l’intensification de l’agriculture, de la production et de la consommation non durables, qui augmentent le nombre et la durée des contacts entre nous, notre bétail et la faune sauvage et ses agents pathogènes.
Pourquoi attendre que les pandémies nous tombent dessus pour faire quelque chose ? Pourquoi ne pas prévenir leur apparition ? C’est la même distinction entre la médecine curative (qui nous coûte si cher en vies et en moyens, avec ses vaccins, ses thérapies, ses confinements et autres passes sanitaires) et médecine préventive ! À titre d’exemple, la COVI-19 a coûté entre 8 000 et 16 000 milliards de dollars, jusqu’à juillet 2020 seulement ! Si pouvons modifier notre environnement à ce point, en le détruisant, nous avons certainement le potentiel d’inverser la tendance… partiellement tout au moins. En effet, on ne peut faire renaitre une espèce disparue et une forêt ne pousse pas en un jour.
Alors, comment y remédier ? En créant un Conseil intergouvernemental dépendant des institutions internationales, qui ne s’occupe que de la prévention des pandémies et crée un cadre scientifique et légal. Découlant de cette initiative, des objectifs pourraient être définis au sein d’un accord international… Ce qui entrainerait une limitation de toutes les activités qui réduisent la biodiversité (davantage de zones protégées, moins d’exploitation des sols, des forêts et des animaux) ; un aménagement du territoire mieux financé qui intégrerait le risque de pandémie ; une taxation plus grande de la consommation de la viande, de la production de bétail ; une interdiction du commerce des espèces sauvages et de la pêche industrielle ; l’engagement et la sensibilisation des populations autochtones à travers de programmes de prévention pour une plus grande sécurité alimentaire et une réduction de la consommation des animaux sauvages… Un beau programme en perspective !