LETTRE
Camping au Café British
J’aime bien arrêter manger un morceau au Café British. Le menu proposé est alléchant, le personnel sympathique et l’endroit reposant. Cependant, ce qui me fascine et m’agace à la fois, c’est l’invasion de ces mal polis qui viennent s’y installer, presque à demeure dirait-on, comme au camping.
Il y a cette madame qui sirote son café à 4 $, en occupant deux tables : une pour sa tablette et ses papiers, l’autre pour son cabas et son sac à main. Celui-là monopolise la grande table du fond dont il occupe tout la surface avec sa tablette, cellulaire et sa paperasse répartie en diverses piles. Les étudiants ne sont pas en reste. Au prix d’un café, ils s’agglutinent à quatre pour palabrer et rédiger leurs travaux scolaires des heures durant.
Tous ces campeurs trouvent normal que l’achat d’un seul café à 4 $ leur confère le droit de s’étaler au détriment d’autres clients ou de siéger sur place ad infinitum. Aux nouveaux arrivants, leur message est clair : « J’y suis; j’y reste. Et ne comptez surtout pas sur moi pour vous ménager une petite place. » Comme si le principe du consommateur/payeur ouvrait droit à tous les abus, toutes les impolitesses. J’ai ouï dire que, en réaction à cette sorte d’achalandage incrusté et irrévérencieux, certains cafés de Montréal, profit oblige, imposaient un taux horaire d’occupation de 2 50 $ (tasse de café ordinaire incluse). Victime de sa popularité, faudra-t-il que le Café British en vienne à exiger un droit d’entrée ou d’occupation de cette sorte afin de permettre à tous d’accéder raisonnablement à une table ?
Il serait regrettable qu’un tel oasis comme le Café British devienne au fil du temps l’otage et le fief de ces profiteurs, sorte de déficients de la conscience sociale à Aylmer.
Francois Brisebois, Aylmer