ÉDITORIAL
Alter ego (2)
Nous sommes presque deux semaines après le massacre de musulmans en Nouvelle-Zélande. À travers ce crime, l’intolérance semble être plus que jamais à l’ordre du jour. Il suit de quelques semaines des incidents en France qui ont visé les juifs : des agressions qui ont conduit à des confusions fâcheuses dans la bouche des autorités, qui attisent ainsi les braises de la haine.
Justement, à ce propos, une chose m’irrite particulièrement : l’antisémitisme confondu avec l’antisionisme. On peut parfaitement s’élever contre la politique israélienne et sa volonté expansionniste (antisionisme) et ne pas être antisémite. D’ailleurs jusqu’à la Seconde guerre mondiale, seule une minorité des juifs défendait l’idée d’un état juif. Au passage, le terme ne date que du XIXe siècle où, ironie, il a été inventé par un nationaliste-populiste allemand qui détestait les juifs comme « race » ! Concept pas mal obsolète, non? En fait, la haine envers les juifs vient d’abord des chrétiens, qui leur attribuent la mort du Christ. Toutefois, les antisionistes d’ aujourd’hui ne font pas partie de ce vieux substrat européen « judéophobe » (on dit bien islamophobe), mais sont plutôt des jeunes issus de l’immigration, qui prennent fait et cause pour les Palestiniens, majoritairement musulmans, d’où l’amalgame… que nos décideurs renforcent dans un but électoraliste.
Force est de constater que tant l’histoire très guerrière du peuple juif, telle qu’elle est présentée dans l’Ancien Testament que le message de l’islam, religion « nouvelle » (1400 ans d’existence), dont plusieurs sourates invitent au « combat » (Sourate 4), pour « anéantir les mécréants » (Sourate 8), afin « qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées » (Sourate 5), en passant par le christianisme, qui toujours au nom de Dieu est parti en croisade et a exterminé les peuples autochtones dans les Amériques, les textes sur lesquels reposent ces religions contredisent un certain discours prétendant qu’elles prônent amour et paix, plus clairement pour les chrétiens (« Aimez vous les uns les autres »), que chez les musulmans (leur profession de foi : « il n’y a que Dieu et Mahomet est son envoyé »), pour qui il s’agit donc d’abord d’obéir : Islam vient de « aslama », qui signifie « se soumettre ».
Alors, arrêtons de nous voiler la face : l’histoire des religions nous prouve combien elles sont nocives. La tuerie de Christhurch est horrible, intolérable, inexcusable. Cependant, n’est-elle pas une réaction extrême à un autre extrême, celui du projet d’Islam politique? Ce projet est radical, puisqu’il vise à appliquer le Coran comme texte de loi, ce qu’il est. Ajoutez-y la peur de l’Autre, cette insécurité innée que l’on ressent face à un-e inconnu-e, profondément ancrée dans notre cerveau, et le manque d’éducation éclairée, et voilà ce que ça donne. Rien d’étonnant, selon moi.
Et donner plus d’importance aux religions en en faisant des objets intouchables, indiscutables, immanents, fût-ce au nom des droits et libertés individuelles, ne va pas arranger nos affaires. Établissons certes un dialogue, entre croyants – de différentes confessions – et non-croyants, mais surtout, éduquons nos jeunes à l’histoire des religions et à leur contenu, comme on enseigne d’autres sujets, d’une manière détachée, rationnelle et critique. Puis, faisons confiance à l’individu pour choisir ou non de croire, en toute conscience et connaissance.