ÉDITORIAL
« Alerte rouge pour l’Humanité »
Pour mon dernier éditorial depuis l’Europe, je vais « surfer » sur la vague de l’actualité, non pas nationale (le déclenchement des élections par Trudeau, sur lequel j’aurais pas mal de choses à dire), mais plutôt mondiale. En effet, parmi les nombreuses choses que nous subissons tous, mais pour lesquelles nos réponses diffèrent sensiblement, la crise (ou urgence) climatique en est une grosse.
Or, le Groupe d’expert-es intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié la semaine dernière son rapport annuel. La réalité du changement climatique est documentée année après année par des milliers de scientifiques. L’organisme onusien vient donc de publier la première des trois parties de son sixième rapport ; il s’agit des « éléments scientifiques », des faits objectifs et pour tout dire alarmants. Non, chers lecteurs, je ne tombe pas dans le catastrophisme. Ce que vous allez lire est simplement un énoncé de faits. Vous en ferez ce que vous voudrez.
Quelques points clefs à retenir de ce rapport : d’abord, l’influence des humains sur le climat est indiscutable, notamment l’émission des gaz à effet de serre sur le dérèglement climatique, comme les feux monstrueux qui ravagent de plus en plus de pays. Puis, ces bouleversements sont seulement sans précédent, mais il est plus rapide que prévu : les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées depuis 1850 ; la hausse du niveau des océans et la fonte des calottes glaciaires sont 3 à 6 fois plus rapides que les pires craintes. Par ailleurs, nous nous approchons dangereusement d’un point de non-retour à partir duquel certains changements seront irréversibles. De plus, l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré n’est plus que théorique, parce que le coup de barre à donner dans les politiques économiques, industrielles et environnementales n’a jamais été donné jusqu’à maintenant. Pourquoi le serait-il plus d’ici à 2030 ? La « transition écologique » de nos gouvernements est insuffisante. Enfin, il faut comprendre qu’une différence entre 1,1 (seuil atteint) et 1,5 degré impliquent en fait d’énormes différences dans les impacts. Difficile à imaginer ? Et il y a 80 % de probabilité que l’on atteigne les 2 % d’ici à 2050.
Alors, que font nos grands décideurs ? En France, malgré les nombreux objectifs et mesures européens (- 55 % des réductions de GES d’ici 2030), le président Macron en reste toujours à son - 40 % et a fait adopter en juillet une loi « Climat et résilience » largement insuffisante, tout en continuant de soutenir financièrement, avec des fonds publics, les secteurs les plus polluants. Et surprise, que fait Trudeau au Canada ? Et bien, pas différemment. Son plan climatique vise une transition en douceur et manque singulièrement d’ambition (seulement - 30 % de réduction des GES, je m’en suis déjà expliqué dans un éditorial précédent) et nos impôts continuent de financer à coup de milliards les compagnies pétrolières. Ah ! Pour votre info, le Canada se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste de la planète, voire trois fois dans l’ouest.
Après, si vous êtes prêts à recevoir davantage de neige en janvier-février, à voir des feux plus nombreux ravager nos forêts et des pluies plus violentes inonder nos agglomérations, continuez à faire confiance aux politiques mises en place depuis des décennies, il semble bien que ce soit la meilleure garantie d’aller droit dans le mur !